Dans un contexte où les transformations du travail s’accélèrent, la cohabitation entre plusieurs générations au sein des entreprises constitue un enjeu stratégique majeur.
Pour le secteur de l’assurance, déjà en tension sur l’attractivité des talents, l’approche intergénérationnelle peut devenir une source précieuse d’innovation, de résilience et de cohésion. Ce thème, exploré par La Fabrique Spinoza dans son rapport publié le 14 mars 2025, invite à repenser la gouvernance et les pratiques RH sous l’angle du lien social et de la complémentarité entre âges. Une dynamique déjà amorcée dans certaines structures, et qui résonne avec les défis d’image, de transmission du patrimoine immatériel et d’inclusion sociale qui traversent l’assurance.
De nouvelles attentes générationnelles à conjuguer
Les jeunes générations, notamment les 18-29 ans, expriment une forte attente d’utilité sociale, d’engagement environnemental et de liberté d’organisation dans le travail. À l’inverse, les seniors souhaitent avant tout conserver un emploi stable, transmettre leur expérience et préserver leur santé. Ces écarts, loin d’être des obstacles, peuvent constituer un puissant moteur d’innovation si les entreprises créent les conditions d’un dialogue structuré et bienveillant. Dans le secteur de l’assurance, souvent perçu comme traditionnel, cette approche est une opportunité pour réconcilier marque employeur, performance et sens.
Une organisation repensée autour du lien et de la transmission
Pour faire de l’intergénérationnel un levier RH et managérial, plusieurs leviers sont proposés par La Fabrique Spinoza. Il s’agit d’abord de valoriser la transmission intergénérationnelle des savoirs à travers du mentorat inversé ou croisé. Ensuite, les entreprises doivent structurer des parcours professionnels plus souples, avec des dispositifs de temps partiel senior, de tutorat, ou encore des binômes intergénérationnels sur des projets d’équipe. Dans l’assurance, où la transformation digitale s’accompagne d’une montée en compétence accélérée, ces pratiques peuvent renforcer l’adhésion collective aux changements.
Une gouvernance inclusive pour un impact durable
L’enjeu est également organisationnel. L’intergénérationnel pose la question d’une gouvernance plus inclusive, capable de prendre en compte les attentes spécifiques de chaque génération sans créer de fracture. Il s’agit notamment d’impliquer toutes les tranches d’âge dans les processus de décision, en misant sur des dispositifs participatifs, comme les comités intergénérationnels ou les votes internes. Cette démarche favorise la reconnaissance, l’autonomie et l’engagement, autant d’éléments clés pour fidéliser les collaborateurs dans l’assurance.
Le secteur de l’assurance face à une responsabilité sociétale renforcée
En devenant acteur d’un modèle intergénérationnel assumé, le secteur de l’assurance peut renforcer sa responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et contribuer à lutter contre l’exclusion des seniors comme le décrochage des jeunes. Cela passe par la mise en place de politiques de recrutement plus équitables, d’actions de sensibilisation internes et d’une refonte des indicateurs RH intégrant les dimensions d’âge et de parcours. Cette transformation, en cohérence avec les engagements RSE déjà pris par de nombreux acteurs, renforce également la légitimité sociale du secteur auprès des assurés.
Une opportunité à saisir collectivement
L’entreprise intergénérationnelle n’est pas un slogan, mais une stratégie à part entière qui réconcilie performance économique et cohésion humaine. Pour les acteurs de l’assurance, qui doivent continuellement s’adapter à un monde en mutation rapide, c’est un terrain de progrès, de différenciation et de durabilité. La valorisation du lien entre générations, dans les équipes comme dans la relation client, apparaît aujourd’hui comme une évidence stratégique.