À l’occasion des 60 ans de la loi du 13 juillet 1965 relative à l’émancipation financière des femmes, l’ASAC-FAPES (Association pour la Sauvegarde et l’Amélioration du Capital) publie, avec l’IFOP, les résultats de son Observatoire des solidarités intergénérationnelles.
Cette étude met en lumière un paradoxe structurant : si les femmes se montrent plus prévoyantes en matière de transmission patrimoniale, elles restent en retrait face à l’utilisation effective des dispositifs d’épargne et de succession, comme l’assurance vie, le plan d’épargne retraite (PER) ou les placements financiers.
Une dynamique qui interpelle les acteurs du secteur de l’assurance, de la gestion de patrimoine et de la prévention financière, notamment à l’heure où les questions de transmission et d’autonomie économique sont au cœur des transformations sociales et fiscales.
Des écarts marqués dans la détention des produits patrimoniaux
L’assurance vie, pourtant considérée comme un levier central de préparation successorale, n’est détenue que par 47 % des femmes contre 59 % des hommes. Un écart qui s’accentue parmi les jeunes : seules 39 % des femmes de moins de 35 ans ont souscrit un contrat, contre 47 % des hommes. La tendance est similaire sur d’autres produits patrimoniaux comme le PER (18 % contre 24 %), l’investissement immobilier indirect (SCPI, OPCI, SCI) ou les placements boursiers (16 % contre 29 %).
Ces chiffres soulignent un enjeu persistant d’inclusion financière, alimenté par une perception de complexité, une moindre appétence au risque et un déficit d’information sur les mécanismes de gestion du patrimoine. Ce déséquilibre constitue un véritable sujet d’action pour les professionnels de la distribution de produits d’épargne et les conseillers patrimoniaux, qui doivent adapter leur pédagogie et leurs parcours clients.
Des démarches volontaristes malgré une méconnaissance des procédures
Si 53 % des femmes déclarent ne pas connaître les démarches nécessaires à la transmission d’un héritage (contre 47 % des hommes), leur volonté d’anticiper reste manifeste. Elles sont ainsi 61 % à envisager une donation de leur vivant, contre 56 % des hommes, avec un écart particulièrement significatif chez les jeunes générations. Cette dynamique est motivée autant par des considérations fiscales que par la volonté de protéger les proches ou d’éviter des tensions familiales.
Autre signe d’engagement croissant : 31 % des femmes ont déjà rédigé ou envisagent de rédiger un testament. La désignation de bénéficiaires dans les contrats patrimoniaux est également en hausse, notamment chez les femmes de moins de 35 ans, qui sont près de 44 % à l’avoir fait. Cette appropriation progressive reste cependant freinée par un manque d’accompagnement adapté.
Une inquiétude persistante autour de la retraite
Les femmes expriment une forte préoccupation quant à leur propre avenir financier, en particulier en ce qui concerne la retraite. Près de six sur dix en ont une vision négative, soit un écart de 20 points avec les hommes. Elles invoquent en priorité l’instabilité du contexte économique et politique (44 %) et les réformes successives du système de retraite (30 %), qui alimentent une insécurité durable.
Cette anxiété souligne l’enjeu crucial d’une éducation financière ciblée, qui permette à toutes les populations, et en particulier aux femmes, de s’approprier les outils d’anticipation patrimoniale. Dans cette perspective, l’innovation sociale, l’accompagnement sur-mesure et la pédagogie digitale peuvent jouer un rôle structurant pour faire évoluer les usages.

