Un rapport parlementaire critique sévèrement les produits d’épargne populaires français jugés peu rentables. Il préconise une simplification urgente et une démocratisation de placements plus performants pour les ménages modestes et moyens.
Les députés Jean-Philippe Tanguy (RN) et François Jolivet (LREM) dressent, dans un rapport récent, un bilan critique de la rémunération de l’épargne populaire et intermédiaire en France. L’épargne financière des Français, évaluée à plus de 6 000 milliards d’euros, demeure massivement orientée vers des produits réglementés à faible rendement réel.
Ces produits traditionnels, comme le livret A ou le LEP, représentent environ 15 % du patrimoine financier des ménages. Cependant, leur rentabilité est jugée faible, voire négative une fois l’inflation intégrée. Un épargnant ayant placé 1 000 euros en 2003 sur un livret A ne disposerait que de 1 400 euros vingt ans plus tard, contre 2 700 euros en investissant sur un indice boursier tel que le CAC40.
Le rapport met en évidence une sous-utilisation du Livret d’Épargne Populaire (LEP), pourtant rémunéré à 3,5 % en 2025. Seuls 11,8 millions de Français en bénéficient alors que près de 19,5 millions y sont éligibles. Cette situation s’explique par un défaut d’information, une faible incitation des établissements bancaires et les limites financières des ménages concernés.
L’assurance vie, produit phare chez les Français avec plus de 2 000 milliards d’euros investis, est également pointée du doigt pour ses rendements souvent décevants. Malgré un récent rebond à 2,6 % pour les fonds en euros et 4,6 % pour les unités de compte en 2024, elle reste en dessous de l’inflation cumulée. Le rapport relève notamment des promesses de rendements parfois trompeuses et souligne que le véritable avantage de ce produit réside davantage dans sa fiscalité avantageuse que dans sa performance intrinsèque.
Les députés dénoncent aussi le biais institutionnel et commercial qui pousse les épargnants modestes et moyens vers des placements peu risqués mais peu rémunérateurs, contrairement aux ménages aisés bénéficiant de conseils spécialisés et de placements plus lucratifs comme le capital-investissement ou l’immobilier géré.
Pour simplifier ce paysage complexe, le rapport préconise notamment l’unification des régimes fiscaux et des plafonds ainsi que la suppression de certains produits jugés obsolètes, comme le livret d’épargne entreprise. Le Plan Épargne Logement (PEL) est particulièrement critiqué pour ses incohérences intergénérationnelles, entre des rendements élevés exonérés d’impôts des anciens plans et les faibles rémunérations actuelles soumises au prélèvement forfaitaire unique de 30 %.
Enfin, les auteurs du rapport militent pour une démocratisation raisonnée des actifs plus performants tels que les fonds indiciels et la gestion passive à coûts réduits. Ils plaident également en faveur d’une meilleure éducation financière des ménages afin de réduire durablement les inégalités patrimoniales.
Ce constat nuancé souligne que les Français, loin d’être naïfs, optent souvent en connaissance de cause pour des placements liquides et sûrs. Toutefois, les rapporteurs jugent indispensable une meilleure orientation de l’épargne pour conjuguer sécurité, performance et justice sociale.