Le Haut-Commissariat à la Stratégie et au Plan présentera ce lundi 16 juin 2025, à l’Auditorium Marceau Long (Paris 7ᵉ), les conclusions d’un rapport majeur sur l’adaptation de l’assurance aux risques climatiques.
Intitulée « Faut-il repenser la mutualisation des risques climatiques ? », cette conférence réunira chercheurs, politiques, assureurs et représentants de l’État pour discuter de trois scénarios d’évolution du modèle français de couverture des sinistres climatiques.
Pourquoi ce débat maintenant ?
Les coûts des catastrophes naturelles explosent. Sécheresses, inondations, submersions marines… entre 2019 et 2023, les sinistres climatiques ont coûté en moyenne 4 à 4,5 milliards d’euros par an. Le Haut-Commissariat anticipe une hausse de 40 à 120 % de ces coûts d’ici 2050. Dans ce contexte, le rapport publié le 12 juin 2025 met sur la table trois scénarios de réforme :
Trois scénarios de réforme
- Le premier scénario offre un socle minimal de couverture et des garanties supplémentaires face aux évènements climatiques, en conservant le partage de risque entre le marché de l’assurance et l’État. En intervenant sur le marché de la réassurance et en régulant celui de l’assurance, l’État maintient l’assurabilité des risques climatiques sur le marché.
- Le deuxième scénario élargit la réassurance publique à l’ensemble des risques climatiques, en supprime le caractère exceptionnel et confie intégralement à l’État la couverture de la sécheresse. La gestion des risques climatiques s’accompagne d’une politique d’adaptation des logements plus volontariste, en offrant notamment des subventions à la prévention ou en incitant les habitants à sortir des zones à haut risque.
- Le troisième scénario, enfin, socialise les risques climatiques, c’est-à-dire qu’il propose une couverture universelle et unifiée des risques climatiques. Il présente à la fois une dimension réparatrice, avec la création de branches d’indemnisation, et une dimension préventive renforcée, avec la création d’un circuit de prévention des risques et d’adaptation des logements aux risques climatiques. Des cotisations climatiques viennent remplacer les primes d’assurance. Se dessinerait alors une « Sécurité sociale climatique », apportant une réponse aux risques climatiques comme la Sécurité sociale de 1945 a répondu aux risques sociaux.
Une conférence pour structurer le débat public
Les temps forts annoncés :
- Clément Beaune, Haut-Commissaire, ouvrira les débats.
- Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, prendra la parole sur les enjeux de solidarité face aux risques.
- Présentation détaillée des trois scénarios par les autrices du rapport : Mathilde Viennot, Marine de Montaignac et Alice Robinet.
- Deux tables rondes sur :
- La soutenabilité économique des systèmes proposés.
- Le rôle futur de l’État face à l’ampleur du changement climatique.
- Grand témoin annoncé : Pierre Charbonnier, philosophe et chercheur au CNRS/Sciences Po, pour éclairer le débat sous un angle historique et sociologique.
Enjeux débattus le 16 juin
- Le modèle Cat Nat est-il dépassé ?
- Peut-on concilier solidarité nationale et responsabilisation locale ?
- L’assurance des risques climatiques doit-elle sortir du secteur privé ?
- Faut-il « socialiser » le climat comme on a socialisé la maladie ou la vieillesse en 1945 ?
Une réforme sociétale plus qu’un simple ajustement
Clément Beaune le souligne dans la note introductive au rapport :« Ce n’est pas seulement une question technique d’assurance, c’est un débat de société sur ce que nous voulons protéger ensemble. »Ce rapport et cette conférence ouvrent un cycle de concertation. L’État ne tranche pas encore, mais souhaite alimenter la réflexion pour préparer les décisions à venir. Des groupes de travail et des débats parlementaires pourraient suivre dès l’automne 2025.
Le 16 juin, la conférence donnera le ton : doit-on faire des risques climatiques un nouveau pilier de solidarité nationale, au même titre que la santé ou la retraite ? Que l’on privilégie une régulation renforcée ou une couverture publique intégrale, une chose est sûre : face au choc climatique, le modèle actuel doit évoluer.