Livrets réglementés : décollecte inattendue au printemps

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Selon le Cercle de l’Épargne, le mois d’avril 2025 marque un tournant pour les produits d’épargne réglementés, avec une décollecte notable du Livret A et du Livret d’Épargne Populaire. 

Cette situation illustre une dynamique de redéploiement de l’épargne vers d’autres placements, comme l’assurance vie. 

Le Livret A marque le pas face à la baisse de rendement

Avec une décollecte de 200 millions d’euros en avril, le Livret A enregistre sa première sortie nette de fonds depuis octobre 2024. Ce recul intervient alors que le mois d’avril est historiquement favorable à ce placement. En comparaison, la collecte moyenne des dix dernières années pour un mois d’avril est de près de 1,9 milliard d’euros.

Cette baisse s’explique en grande partie par l’effet de la réduction du taux de rémunération intervenue plus tôt dans l’année. Face à cette baisse d’attractivité, les ménages privilégient des placements de long terme, comme les contrats en assurance vie, en particulier en unités de compte, plus dynamiques. L’encours du Livret A s’établit néanmoins à 444 milliards d’euros, confirmant son rôle central dans le patrimoine financier des Français.

Le LDDS poursuit sa progression malgré un ralentissement

Contrairement au Livret A, le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) a enregistré une collecte positive de 310 millions d’euros en avril. Ce produit est souvent utilisé comme outil de gestion de trésorerie à court terme, notamment pour les dépenses courantes.

Cependant, la dynamique reste modérée : le montant collecté reste en dessous des niveaux habituels, avec une moyenne décennale supérieure à 500 millions d’euros pour un mois d’avril. L’encours du LDDS atteint toutefois un niveau record à 162,7 milliards d’euros. Cette progression constante confirme sa place dans les stratégies de gestion de liquidité des ménages et des épargnants prudents.

Fort recul du LEP, affecté par les régularisations fiscales

Le Livret d’Épargne Populaire (LEP), réservé aux ménages modestes, connaît une décollecte importante de près de 2 milliards d’euros en avril. Ce phénomène s’explique principalement par les régularisations annuelles : les banques clôturent les LEP des titulaires dont le revenu fiscal de référence dépasse le seuil d’éligibilité.

L’année 2023 ayant été marquée par des hausses salariales significatives, de nombreux épargnants ont perdu leur droit d’accès à ce livret. L’encours du LEP recule ainsi à 80,8 milliards d’euros. Ce mouvement pourrait être renforcé par la baisse attendue de son taux à l’été 2025, qui pourrait passer de 3,4 % à environ 2 %, sauf intervention politique pour en atténuer les effets.

Vers une nouvelle baisse des taux cet été

L’évolution conjointe du taux €STR (Euro Short-Term Rate) et de l’inflation, les deux indicateurs clés dans le calcul du taux du Livret A, laisse présager une baisse du rendement dès août prochain. Le taux pourrait descendre autour de 1,5 % ou 1,6 %, contre 2,4 % actuellement. Pour le LEP, un ajustement à 2,5 % semble plus probable, compte tenu du caractère social de ce produit et des arbitrages politiques récurrents sur sa rémunération.

Dans ce contexte, les professionnels de l’assurance doivent suivre attentivement ces évolutions, car elles influencent directement les comportements d’épargne des Français et les arbitrages entre placements liquides et produits à long terme comme les contrats d’assurance vie, les PER ou les unités de compte. La tendance actuelle confirme un retour vers des supports dynamiques, dans une optique de valorisation du patrimoine à moyen terme.

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