Les Français plébiscitent l’anticipation patrimoniale, mais peinent à s’orienter dans un environnement perçu comme complexe.
Dans un contexte marqué par les incertitudes économiques et les transformations sociétales, la seconde édition de l’Observatoire des solidarités intergénérationnelles, menée par l’IFOP pour ASAC-FAPES, met en lumière un glissement notable des comportements des Français en matière de transmission de patrimoine. Le legs post-mortem perd du terrain au profit d’une logique d’anticipation incarnée par la donation de son vivant. Un tournant majeur, qui interpelle les professionnels de l’assurance, du patrimoine et de la prévention financière.
Une baisse du sentiment de capacité à transmettre à son décès
Alors que 71 % des Français se disaient capables de léguer un héritage en 2025, ce chiffre est en repli de 7 points par rapport à 2024. Cette tendance s’observe surtout chez les jeunes (18-24 ans), les célibataires et les foyers modestes, qui affichent une confiance réduite dans leur capacité à transmettre à long terme. La perception d’un avenir incertain, entre inflation, instabilité politique et enjeux de dépendance, fait de l’épargne un outil de précaution plus qu’un capital à transmettre.
En parallèle, l’élan vers la transmission intergénérationnelle se renforce. Douze pour cent des Français envisagent de léguer à leurs petits-enfants, avec un pic de 24 % chez les grands-parents. Ces évolutions soulignent l’émergence de nouveaux modèles familiaux et patrimoniaux, plus étendus et solidaires.
L’assurance vie, pilier de la stratégie successorale
Instrument de transmission patrimoniale par excellence, l’assurance vie reste en tête des dispositifs préférés, avec 53 % d’adhésion. Elle devance largement les livrets bancaires (20 %), l’immobilier (18 %), les produits boursiers (5 %) et le Plan Épargne Retraite (PER, 4 %). Ce succès repose autant sur ses avantages fiscaux que sur sa souplesse dans la désignation des bénéficiaires.
Près de 40 % des titulaires d’assurance vie choisissent de désigner un bénéficiaire hors des ayants droit traditionnels, une tendance encore plus marquée chez les moins de 35 ans. Ce choix traduit un besoin accru de liberté, mais aussi une volonté de personnalisation de la transmission et de prévention des conflits successoraux.
Le testament en retrait, la donation en progression
Autre signal fort : le recul du testament, qui ne concerne plus que 32 % des Français, contre 37 % en 2024. Ce repli est particulièrement marqué chez les jeunes générations. En revanche, la donation de son vivant séduit toujours davantage : près de 60 % des Français l’envisagent ou l’ont déjà réalisée. Ce chiffre grimpe à 75 % chez les parents.
Les motivations évoquées sont multiples : réduction des droits de succession (46 %), anticipation des besoins de leurs proches (42 %), transmission progressive des biens (31 %) et conservation du contrôle sur le patrimoine (25 %). Cette évolution vers la transmission « avec soi » s’inscrit dans une logique d’accompagnement actif, à rebours du modèle traditionnel de la succession post-mortem.
Un déficit d’information préoccupant pour les jeunes générations
Si les Français restent très attachés à la transmission patrimoniale, ils se heurtent à un obstacle majeur : 50 % déclarent ne pas connaître les démarches à effectuer, une proportion qui atteint 72 % chez les moins de 35 ans. Ce déficit d’information interroge les acteurs de l’assurance, de la gestion de patrimoine et du courtage, appelés à jouer un rôle plus proactif dans l’accompagnement des familles.
Nathalie Lejeune, directrice générale de FAPES Diffusion, souligne cette nécessité : « Le défi des épargnants consiste désormais à concilier sécurité personnelle, fiscalité maîtrisée et solidarité vers leurs descendants. Notre rôle, en tant que courtier, est clé pour les informer, les guider et les accompagner dans cette démarche. »