Suisse : la cyberfraude s’impose comme un risque systémique

L’enquête AXA met en lumière la progression inquiétante de la cybercriminalité et les nouvelles attentes en matière de couverture et de prévention.

La cybercriminalité n’épargne plus aucun segment de la population suisse, bouleversant les schémas traditionnels d’analyse des risques et interpellant les acteurs de l’assurance sur la nécessité de renforcer leurs offres de cybersécurité. Une récente étude commandée par l’assureur AXA et réalisée par l’institut de recherche Sotomo confirme l’ampleur du phénomène, notamment sur les jeunes adultes, et souligne l’importance de renforcer les stratégies de sensibilisation et de prévention, en parallèle d’une adaptation des solutions assurantielles.

Un phénomène en forte progression et encore largement sous-déclaré

Selon les résultats de l’enquête, un adulte suisse sur sept déclare avoir été victime d’une cyberfraude ayant entraîné une perte financière, avec un préjudice dépassant 1 000 francs pour un tiers d’entre eux. Ce chiffre grimpe à 12 % lorsqu’on se concentre sur les cinq dernières années, illustrant l’accélération du phénomène. Le taux de sous-déclaration reste cependant préoccupant, puisque seule une victime sur trois signale l’incident aux autorités, même en cas de pertes importantes.

Cette réticence s’explique par le faible taux d’élucidation des délits numériques et un sentiment persistant de honte chez les victimes, en particulier dans les cas de romance scam. Ces arnaques sentimentales en ligne touchent environ 10 % des victimes, démontrant l’étendue et la diversité des escroqueries numériques.

Des jeunes adultes particulièrement ciblés par la cyberfraude et le cyberharcèlement

Contrairement aux idées reçues, les jeunes adultes, pourtant plus aguerris aux usages numériques, apparaissent comme les plus vulnérables. Chez les 18-29 ans, une personne sur dix a subi une cyberfraude avec un préjudice supérieur à 1 000 francs, en lien notamment avec leurs habitudes d’achat en ligne plus fréquentes. Le cyberharcèlement, incluant le cyberstalking et les commentaires haineux, touche également cette tranche d’âge de manière disproportionnée.

Selon AXA, les jeunes générations placent désormais la lutte contre le cyberharcèlement en tête de leurs préoccupations numériques, tandis que les plus âgés expriment davantage leurs craintes vis-à-vis des cyberattaques ciblant les infrastructures critiques et la désinformation.

Une opportunité stratégique pour le secteur de l’assurance

Pour les assureurs, cette montée en puissance de la cybercriminalité représente à la fois un défi et une opportunité. Le marché suisse affiche encore des taux d’équipement modestes en matière de couverture cyber personnelle. Pourtant, les résultats de l’enquête révèlent que les Suisses considèrent désormais la cybersécurité comme leur deuxième préoccupation majeure, derrière les primes d’assurance maladie.

Dans ce contexte, les professionnels de l’assurance doivent adapter leur stratégie produit en développant des garanties dédiées à la protection numérique des particuliers, en renforçant les partenariats avec les acteurs de la prévention et en intégrant la cybersécurité dans les packages de protection patrimoniale. L’essor des offres d’assurance cyber, combinées à des services de sensibilisation et de réponse aux incidents, pourrait ainsi contribuer à restaurer la confiance des assurés tout en répondant à des enjeux sociétaux croissants.

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