En redéfinissant les orientations de l’épargne vers la transition écologique, la loi Industrie Verte ouvre de nouvelles perspectives d’investissement tout en complexifiant l’offre d’assurance-vie et de produits d’épargne.
Promulguée en octobre 2023, la loi Industrie Verte ambitionne de repositionner la France comme acteur majeur de l’industrie décarbonée en Europe. Au-delà de son volet industriel, cette législation a un impact direct sur l’épargne longue des Français. L’objectif est d’orienter massivement les capitaux privés vers les entreprises engagées dans la transition énergétique et écologique. Une transformation majeure qui s’impose dès à présent aux professionnels de l’assurance-vie, de la finance durable et de la gestion de patrimoine.
Le Plan d’Épargne Avenir Climat, fer de lance de l’épargne verte
Symbole de cette refonte, le Plan d’Épargne Avenir Climat (PEAC), lancé en juillet 2024, vise à canaliser l’épargne des jeunes vers des investissements exclusivement durables. Ce produit, réservé aux moins de 21 ans et plafonné à 22 950 euros, remplace désormais le Plan d’Épargne Retraite (PER) pour les mineurs. Obligatoirement investi dans des supports labellisés ISR (Investissement Socialement Responsable) ou Greenfin, le PEAC impose une logique de blocage sur cinq ans, renforçant ainsi le positionnement de l’épargne jeunesse comme levier de financement de la transition écologique.
Assurance-vie et PER : une allocation contrainte vers le non coté
Dans le prolongement de cette logique, la loi impose aux assureurs et gestionnaires d’épargne de renforcer significativement la part de private equity dans les contrats d’assurance-vie et de PER. Pour les contrats en gestion pilotée, entre 4 % et 8 % des actifs doivent désormais être alloués à des titres non cotés, un quota pouvant atteindre 15 % pour les PER à long terme. Une évolution qui ouvre le capital-investissement à un public plus large, démocratisant ainsi l’accès à des classes d’actifs historiquement réservées aux institutionnels ou aux épargnants fortunés.
Une mutation de l’offre d’assurance-vie
Dès janvier 2024, tous les contrats en unités de compte doivent proposer au moins un support labellisé ISR ou Greenfin. Cette transformation pousse les assureurs à enrichir leurs gammes de fonds responsables et à adapter leurs profils d’investisseur. Certains épargnants, moins enclins à prendre des risques, pourraient être tentés de basculer vers des profils prudents, moins exposés au non coté. Dans ce contexte, les conseillers en gestion de patrimoine devront redoubler de pédagogie pour accompagner leurs clients dans cette nouvelle donne, en expliquant notamment les spécificités des fonds durables et les risques associés au private equity.
Entre opportunités et vigilance accrue pour les épargnants
Si la réforme ouvre la voie à des rendements potentiellement attractifs grâce au private equity, elle implique également des risques accrus, notamment une liquidité réduite et un risque de perte en capital plus élevé. Face à cette complexification de l’offre, les épargnants devront ajuster leurs stratégies d’arbitrage et renforcer leur vigilance, notamment sur les supports obligatoirement inclus dans les contrats en gestion pilotée. Le recours à un accompagnement professionnel devient indispensable pour construire une stratégie d’épargne adaptée aux nouveaux enjeux réglementaires, économiques et patrimoniaux.
Une mutation stratégique pour l’assurance-vie et l’épargne patrimoniale
Avec la loi Industrie Verte, l’épargne des Français devient un outil stratégique au service de la décarbonation de l’industrie et du financement de l’économie réelle. Cette réforme marque un tournant historique pour l’assurance-vie, en réaffirmant son rôle central dans l’allocation des capitaux privés vers des projets durables et innovants. Pour les acteurs du secteur, cette évolution constitue à la fois un défi de transformation de l’offre et une opportunité d’affirmer leur rôle d’accompagnateurs de la transition écologique et patrimoniale.