Face aux chiffres inquiétants des accidents et maladies professionnelles en France, le CESE préconise une prévention renforcée et globale, intégrant formation, dialogue social et écoute des travailleurs.
Devant un niveau élevé de sinistralité au travail en France – 555 803 accidents, 47 434 maladies professionnelles et 1 287 décès en 2023 –, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) appelle à passer à une véritable action préventive. Dans son rapport récent, « Prévention en santé au travail : entre défis et perspectives », réalisé par Cécile Gondard-Lalanne, secrétaire nationale de l’Union syndicale Solidaires, et Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB et vice-président de l’U2P, le CESE propose neuf pistes pour améliorer la situation.
La prévention doit désormais adopter une démarche interdisciplinaire, combinant santé publique, santé au travail et santé environnementale. Selon l’étude, cette approche permettrait non seulement de protéger efficacement la santé des travailleurs mais aussi de valoriser la prévention comme levier de performance sociale et économique.
Le CESE souligne plusieurs lacunes françaises, notamment l’insuffisance de la culture préventive comparée à celle de certains pays voisins. Ainsi, pour combler ce retard, le Conseil recommande une meilleure formation, non seulement des professionnels de santé, mais aussi des acteurs du dialogue social et des entreprises, y compris dans les TPE.
Parmi les recommandations, une attention particulière est portée à l’approche genrée des risques, y compris ceux liés au réchauffement climatique, avec un renforcement des outils comme le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP). L’écoute des travailleurs devrait également être inscrite explicitement parmi les principes généraux de prévention dans le code du travail.
En outre, l’étude évoque l’importance d’améliorer le dialogue social, particulièrement dans l’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle. La responsabilité des donneurs d’ordre vis-à-vis des travailleurs sous-traitants et la nécessité de repenser les pratiques managériales pour une meilleure qualité de vie au travail sont également pointées.
Enfin, le CESE pose des questions ouvertes sur les bénéfices potentiels de la mixité et de la diversité dans les équipes, invitant à réfléchir sur leurs effets positifs sur la santé et la performance au travail.
Le rapport du CESE constitue ainsi une base solide pour orienter les futurs débats entre partenaires sociaux et pouvoirs publics, afin de répondre efficacement aux enjeux actuels et futurs en matière de santé professionnelle.