Et si la transparence devenait la nouvelle norme dans l’assurance ? Derrière ce virage se cache un outil en apparence technique, mais aux effets potentiellement majeurs : le Digital Product Passport (DPP).
Ce passeport numérique du produit, introduit par le règlement européen sur l’écoconception des produits durables (ESPR), vise à tracer chaque étape de vie d’un produit — de sa fabrication à sa fin de vie — dans une logique d’économie circulaire.
Le rapport Deloitte “Bâtir l’assurance de demain » publié en mai 2025 explore les opportunités méconnues qu’offre le DPP pour le secteur assurantiel. Nous vous synthétisons quelques éléments de ce rapport.
Un booster d’efficience pour les assureurs ?
Connecter un DPP au moment de la souscription permettrait à l’assureur d’accéder directement aux caractéristiques techniques d’un bien : composition, réparabilité, entretien, historique des sinistres. Cela concerne aussi bien un véhicule qu’un lave-linge ou un bijou. Résultat : un parcours client plus fluide, moins d’erreurs, et une tarification plus fine grâce à des données fiables.
Dans l’automobile par exemple, deux voitures identiques pourraient être tarifées différemment selon les matériaux utilisés ou les réparations passées. Le DPP ouvre la voie à une assurance dynamique et personnalisée, un levier clef dans un contexte de hausse continue des coûts des sinistres (+58% en 5 ans selon l’ACPR).
Prévention, reconditionné et lutte antifraude
Autre avantage : une meilleure gestion préventive des risques. L’assureur peut envoyer des rappels d’entretien basés sur la durée de vie des pièces (notamment en assurance agricole ou MRH), ou anticiper le remplacement de composants critiques.
En cas de sinistre, le DPP permettrait de proposer des produits reconditionnés certifiés, à la fois plus écologiques et moins coûteux. Une pratique soutenue par les consommateurs, comme le montre ce sondage OpinionWay pour Envie indiquant que 6 Français sur 10 seraient prêts à acheter de l’électroménager reconditionné.
Enfin, côté lutte contre la fraude, les données horodatées et inviolables du DPP rendent plus difficile les fausses déclarations et les surestimations. Un début de réponse concrète aux 485 millions d’euros de fraudes avérées détectées en 2023 en IARD ?
Une transformation à anticiper dès maintenant ?
Si les contours réglementaires restent à finaliser, notamment en ce qui concerne l’accessibilité des données selon les usages, les assureurs ont tout intérêt à embarquer dès aujourd’hui leurs directions métiers dans des ateliers d’idéation sur les cas d’usage.
Le DPP est bien plus qu’un outil de conformité : c’est une clé stratégique pour refonder la relation client, enrichir les modèles actuariels et ancrer l’assurance dans une logique d’impact. A suivre.