Intensifier la prévention auprès des patients chroniques

Une campagne nationale de 500 000 appels sera lancée dès juin pour renforcer le suivi des patients diabétiques ou atteints d’insuffisance cardiaque, dans une logique de prévention active et de maîtrise des risques.

L’Assurance maladie s’apprête à lancer, en juin 2025, une campagne d’appels téléphoniques inédite à destination de 500 000 assurés identifiés comme souffrant de diabète ou d’insuffisance cardiaque, mais n’ayant consulté un médecin généraliste qu’une seule fois, voire pas du tout, durant l’année. Ce dispositif vise à renforcer l’accompagnement médical des pathologies chroniques, en conformité avec les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS), qui préconise au moins quatre consultations par an pour ces profils à risque.

Dans une optique de prévention active, cette initiative met l’accent sur l’importance du parcours de soins coordonné et de la régularité des suivis. Pour les professionnels de l’assurance santé, ce type d’action préventive constitue un levier essentiel pour limiter l’évolution vers des stades sévères ou des hospitalisations coûteuses. La démarche s’inscrit également dans une logique d’innovation en santé publique, en exploitant les données administratives de consommation de soins à des fins prédictives.

Diabète et insuffisance cardiaque : deux priorités sanitaires majeures

Avec 4,3 millions de Français traités pour le diabète en 2022, soit plus de 6 % de la population, la pathologie connaît une hausse continue. Les projections annoncent 520 000 cas supplémentaires d’ici 2027, accentuant les pressions sur le système de santé. La prévalence est particulièrement élevée chez les personnes âgées, atteignant 26,1 % des hommes et 18,1 % des femmes entre 80 et 84 ans.

Quant à l’insuffisance cardiaque, elle concerne déjà 1,37 million de Français, avec des risques accrus de diabète de type 2, en raison d’un mode de vie souvent sédentaire. Ces pathologies s’alimentent mutuellement et partagent des facteurs de risque communs, rendant indispensable une prise en charge intégrée et coordonnée. L’Assurance joue ici un rôle fondamental dans la détection, la coordination des soins et la limitation des coûts liés aux complications.

Une stratégie de prévention qui engage les assureurs

En appelant les assurés peu suivis, l’Assurance maladie entend susciter un retour vers le médecin traitant et initier ou réactiver un parcours de soins adapté. Les médecins peuvent alors adapter traitements et modes de vie en fonction des résultats d’examens, prescrire des bilans de suivi et prévenir l’apparition de complications invalidantes.

Cette logique préventive est d’autant plus pertinente que les rentes invalidité ou les coûts liés à la perte d’autonomie représentent des charges de plus en plus lourdes pour les régimes de prévoyance. Pour les assureurs, ces campagnes offrent un terrain fertile pour développer des solutions complémentaires d’accompagnement, de coaching santé, voire d’objets connectés pour renforcer l’autonomie des patients chroniques.

Vers une coordination renforcée entre les acteurs

L’exemple de cette campagne illustre le potentiel de la donnée de santé pour optimiser les politiques de prévention. Il ouvre également la voie à un maillage plus étroit entre Assurance maladie, organismes complémentaires et professionnels de santé, afin de fluidifier les parcours et favoriser une gestion proactive du risque.

Dans un contexte de vieillissement démographique, la transformation des dispositifs de suivi des maladies chroniques devient stratégique pour garantir à la fois la qualité de vie des assurés, la maîtrise des dépenses et l’efficacité des systèmes assurantiels. Cette dynamique s’inscrit dans un cadre plus large d’innovation organisationnelle, où la prévention devient un actif à part entière du patrimoine santé des Français.

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