Télétravail : quels impacts sur l’assurance habitation ?

L’essor du travail à domicile impose une vigilance accrue sur les garanties et les risques couverts par les contrats multirisques habitation.

Alors que plus d’un salarié français sur cinq pratique désormais le télétravail au moins une fois par mois selon l’Insee, la frontière entre sphère privée et professionnelle au sein du logement devient de plus en plus floue. Cette transformation des habitudes soulève des interrogations concrètes sur la protection des biens, les responsabilités en cas de sinistre, et les ajustements nécessaires des garanties d’assurance habitation. Un sujet stratégique pour les acteurs de l’assurance, qui doivent accompagner leurs assurés dans cette évolution durable des modes de vie.

Risques accrus, comportements modifiés

Comme le souligne Donatien Levesque, directeur des sinistres chez Direct Assurance, le télétravail implique une occupation prolongée du logement, avec un recours intensif aux équipements électriques. Cette surexploitation accroît les risques de surchauffe, voire d’incendie, tandis que l’inattention liée à la concentration sur l’activité professionnelle peut également provoquer des dégâts des eaux. Entre 2021 et 2023, une hausse de 18 % des déclarations de sinistres liés à de petits dégâts des eaux a été observée par l’assureur.

En revanche, la présence continue du télétravailleur à son domicile joue comme un facteur dissuasif sur les vols, avec une baisse de 5 % des cambriolages en journée selon le ministère de l’Intérieur. Ces changements influencent directement la sinistralité et, potentiellement, les futures tarifications d’assurance habitation.

Télétravail et couverture : des zones grises à clarifier

Si le contrat multirisques habitation couvre généralement les dommages liés à un incendie accidentel ou à une surtension, il ne protège pas toujours les biens utilisés à des fins professionnelles, notamment ceux fournis par l’employeur. La garantie responsabilité civile couvre quant à elle les dommages causés dans un cadre strictement privé, ce qui peut poser problème en cas de visite professionnelle au domicile.

Cette distinction est essentielle pour les indépendants ou freelances, pour qui la souscription d’une garantie spécifique « contenu professionnel à domicile » est vivement recommandée. Par ailleurs, la transformation d’une pièce en bureau constitue une modification d’usage du logement, qui doit être déclarée à l’assureur afin d’adapter le contrat et de garantir la couverture des équipements utilisés dans un cadre professionnel.

Un enjeu de prévention et de pédagogie

Dans cette nouvelle réalité assurantielle, les assureurs doivent renforcer leur accompagnement en matière d’innovation, d’information client et de prévention des risques. Vérification des installations électriques, réduction des surcharges de multiprises ou encore vigilance sur les appareils laissés en charge figurent parmi les réflexes à adopter.

Les professionnels du secteur ont ici un rôle clé à jouer dans la sensibilisation des assurés sur l’impact du télétravail sur leur patrimoine mobilier, mais aussi dans l’élaboration de nouvelles offres hybrides adaptées à l’évolution des pratiques professionnelles.

Vous souhaitez être contacté par notre rédaction ?

    Vous souhaitez être contacté par notre service commercial ?