Catastrophes naturelles, cyberattaques, IA, tensions géopolitiques : l’assurance doit-elle se réinventer face à des risques en hausse ? Thomas Buberl, DG d’AXA, défend un basculement vers la prévention, pour contenir la sinistralité et éviter l’exclusion des assurés.
À la tête d’AXA depuis avril 2016, Thomas Buberl dit voir se cumuler catastrophes naturelles, cyberattaques, tensions géopolitiques et arrivée de l’intelligence artificielle. Le groupe, présent dans 50 pays et revendiquant 95 millions de clients, estime aussi que 70 % de la population des pays émergents est mal ou pas assurée, faute d’un accès égal aux produits et services d’assurance.
Au micro de France Inter, dans l’émission « On n’arrête pas l’éco », le dirigeant alerte : « Nous sommes confrontés aujourd’hui à une poly-crise. » Cette situation touche, selon lui, des activités comme le transport maritime, le cyber ou les satellites, où la dimension géopolitique pèse davantage sur l’évaluation des risques.
Face à une sinistralité plus fréquente et plus coûteuse, il plaide pour un modèle centré sur l’anticipation : « La seule manière est de passer d’un stade de payer pour la réparation vers de prévenir la réparation. » La prévention, dit-il, va devenir le sujet au cœur de l’assurance de demain. Il s’agit d’aider les assurés à se préparer au prochain sinistre.
Thomas Buberl observe par ailleurs, que des ménages qui renoncent à s’assurer quand les primes deviennent trop élevées. Pour maintenir l’accès à l’assurance, il évoque des formules à l’étranger, comme à Hong Kong, où des primes peuvent baisser si les clients investissent dans des protections contre les inondations, et une reconstruction mieux protégée.
Le financement de ces adaptations passerait, selon lui, par la baisse attendue de la sinistralité : « 1 euro investi dans la prévention évite entre 6 et 7 euros de sinistre. » Il établit un parallèle avec la santé, lorsqu’une banale prise de sang peut signaler un risque de pré-diabète. Dans cette logique préventive, l’assuré est au centre de l’équation : il peut changer son comportement et réduire le risque. Ainsi, « chaque risque est assurable. Il faut juste trouver la bonne manière de le faire », résume-t-il.

