Le premier baromètre de l’Observatoire Seniors et société met en lumière une génération à la fois satisfaite et en décalage avec l’évolution sociale.
L’Observatoire Seniors et société, porté par l’AD-PA (Association des Directeurs au service des Personnes Âgées), la mutuelle Intégrance et l’association Citoyennage, ambitionne d’apporter une vision nuancée du vieillissement. La France connaîtra en 2030 une transformation démographique majeure, avec plus d’un tiers de sa population âgé de plus de 60 ans. Dans ce contexte, les acteurs de l’assurance, du sanitaire et du social doivent disposer de données précises pour adapter leurs pratiques.
Selon le baromètre réalisé par l’institut Viavoice, trois groupes se distinguent nettement parmi les retraités. Une minorité, qualifiée de « situation d’alerte », combine un très faible bien-être personnel et un fort isolement. La majorité se situe dans une dynamique de « fragilité », marquée par un bonheur instable et une intégration limitée. Enfin, près d’un retraité sur trois appartient à la catégorie des « pleinement épanouis », cumulant satisfaction personnelle et participation active à la vie sociale.
Cette segmentation rappelle que les seniors constituent un public hétérogène, dont les attentes et besoins diffèrent selon leur parcours, leur état de santé, leur patrimoine ou leur environnement relationnel.
Lutter contre l’âgisme et repenser la place des seniors
Le baromètre met en évidence une fracture symbolique entre le regard porté par la société et le ressenti des intéressés. Si 92 % des retraités se sentent intégrés, 73 % estiment ne pas être en phase avec l’évolution générale du pays. Plus encore, seuls 32 % se sentent personnellement âgés alors que 53 % pensent être perçus comme tels.
Ce décalage illustre un âgisme persistant, considéré par l’Observatoire comme un frein majeur à l’inclusion sociale. Il préconise notamment le lancement d’une campagne nationale pour modifier les représentations et valoriser les seniors en tant qu’acteurs à part entière des dynamiques intergénérationnelles.
Pour les professionnels de la protection sociale et de la relation client, cette problématique résonne directement avec les enjeux d’accessibilité, d’accompagnement et d’innovation dans les services destinés aux aînés.
Renforcer la prévention et soutenir l’autonomie
Les résultats montrent également un pessimisme important quant à l’avenir de la prise en charge. Quatre retraités sur cinq doutent des dispositifs d’aide aux personnes âgées, et près d’un sur deux exprime une peur de vieillir. Cette inquiétude met en lumière un déficit de repères, de prévention et de visibilité sur les parcours de soins.
L’Observatoire recommande de développer une véritable culture de prévention du vieillissement. Cela implique l’adaptation des infrastructures et des services essentiels, la montée en compétences des professionnels et des aidants, ainsi qu’une information structurée auprès des entreprises et du grand public.
Pour le secteur de l’assurance santé, ces pistes représentent autant de leviers d’innovation en matière de services connectés, d’objets médicaux intelligents, ou encore d’offres dédiées à la prévention et au maintien de l’autonomie.
Accès aux soins : un défi croissant dans une société vieillissante
Près de la moitié des retraités interrogés estime que les professionnels de santé sont insuffisamment disponibles. Cette perception alerte sur la capacité des territoires à absorber les besoins croissants liés au vieillissement.
L’Observatoire appelle à soutenir des solutions de santé innovantes, dont des dispositifs mobiles, une organisation des soins davantage tournée vers le patient et un recours accru à l’intelligence artificielle pour alléger les charges administratives. Ces orientations font écho aux évolutions en cours dans les politiques publiques de santé, mais aussi aux stratégies des assureurs cherchant à simplifier les parcours et à renforcer la prévention.
Dans une perspective de long terme, ce premier baromètre constitue un support de réflexion pour anticiper les besoins des futurs retraités, qui expriment déjà des fragilités semblables à celles observées aujourd’hui.

