Le panorama 2025 de Relyens sur la santé des agents territoriaux confirme des arrêts maladie moins fréquents mais plus longs, avec un taux d’absentéisme de 9,8 % qui interroge la continuité du service public local.
Depuis vingt-cinq ans, le groupe Relyens analyse les absences pour raison de santé des agents territoriaux. Son panorama, alimenté par la data de 440 000 agents issus de 15 500 collectivités, se veut un outil d’aide à la décision pour préserver la santé au travail et la continuité du service public. L’édition 2025, fondée sur les chiffres 2024, confirme une tendance installée : les arrêts sont moins nombreux, mais durent plus longtemps.
En 2024, le taux d’absentéisme pour raison de santé atteint 9,8 % (hors congé maternité), soit l’équivalent de près de dix agents absents à temps plein sur cent sur l’année. En cinq ans, le nombre total d’arrêts a reculé de 7 % et la part d’agents concernés de 6 %. En moyenne, 100 agents génèrent 54 arrêts par an et 38 % des agents ont été absents au moins une fois. Dans le même temps, la durée moyenne des arrêts a progressé de 12 % depuis 2019, tirant à la hausse le taux global d’absentéisme. Les arrêts longs augmentent de 4 % et ceux de plus de 180 jours de 15 %. En maladie ordinaire, 29 % des arrêts atteignent désormais la durée maximale de 365 jours, soit une hausse de 26 % en dix ans.
Ce mouvement s’inscrit dans un contexte de fortes contraintes budgétaires, d’organisation des services sous tension et de difficultés de recrutement, notamment dans les métiers les plus exposés comme la petite enfance, l’entretien, le médico-social ou la police municipale. Les agents de plus de 55 ans, qui représentent 29 % des effectifs, s’absentent pour des durées trois fois plus longues que les moins de 25 ans. L’absentéisme apparaît ainsi comme un marqueur des conditions de travail, de la soutenabilité des organisations et des enjeux sociaux auxquels sont confrontées les collectivités.
Le panorama met en avant plusieurs axes de prévention. Il souligne l’importance d’agir tôt sur les conditions de travail, en actualisant régulièrement le document unique d’évaluation des risques, en adaptant les équipements et en prenant en compte les risques psychosociaux grâce à la formation des managers et à des espaces de discussion sur le travail. Il recommande aussi de structurer les parcours professionnels via l’entretien annuel, l’identification des besoins de formation, les mobilités et un entretien de mi-carrière pour anticiper l’usure. L’accompagnement de la reprise après un long arrêt passe par un entretien de ré-accueil, des aménagements de poste, la mobilisation des dispositifs de reclassement et un suivi dans les trois mois, tout en maintenant le lien avec un interlocuteur identifié et une gestion administrative fluide.
Pour Sylvie Bureau-Nech, directrice exécutive en charge des acteurs territoriaux au sein du groupe Relyens, « l’allongement des arrêts de travail s’explique en grande partie par l’usure dans les métiers physiquement ou psychologiquement exigeants. Ces métiers exposés, combinés au vieillissement de la population active, doivent amener les employeurs à repenser la prévention tout au long de la carrière et pas uniquement en fin de parcours. » Elle rappelle que cette usure s’est renforcée dans un contexte de crise sanitaire, de tensions sociales, d’inflation persistante et d’instabilité institutionnelle. Ce Panorama 2025 entend ainsi fournir aux élus et responsables RH des repères pour mieux comprendre, prévenir et agir sur ces risques.

