Les sinistres “habitation” progressent sous l’effet d’une météo instable et d’un manque d’entretien des logements. Cette analyse revient sur les données d’Acheel pour comprendre les nouveaux risques et les enjeux d’assurance et d’innovation dans un contexte climatique inédit.
L’année 2025 s’impose comme un tournant climatique pour les assureurs. Les épisodes météorologiques majeurs se sont multipliés, à l’image de la tempête Benjamin qui a traversé la France en octobre, enregistrant des rafales supérieures à 140 km/h et provoquant d’importantes coupures d’électricité. Ces événements violents s’enchaînent désormais dans un paysage où les printemps deviennent parmi les plus chauds jamais observés et où les contrastes saisonniers s’accentuent.
Pour les acteurs de l’assurance habitation, cette variabilité extrême complique la tarification des risques et accentue l’importance d’un suivi précis des sinistres climatiques. Le printemps 2025, classé troisième plus chaud depuis 1900, illustre une transformation durable des cycles météorologiques, renforçant l’exposition des habitations aux infiltrations, aux ruptures de matériaux et aux dégradations structurelles.
Un hiver marqué par des sinistres “invisibles” et coûteux
Si l’été 2025 a atteint des températures records, l’hiver 2024-2025 a généré d’autres types de sinistres. Plus doux que la normale mais moins ensoleillé, il a favorisé l’apparition de dégradations progressives, souvent difficiles à détecter avant qu’elles ne génèrent un sinistre. Humidité, condensation excessive, infiltrations lentes et gel différé des canalisations traduisent les effets d’un climat devenu instable.
Ces dommages, dits “invisibles”, constituent un enjeu croissant pour les assureurs, qui doivent renforcer la pédagogie auprès des assurés pour encourager des actions d’entretien anticipées. Dans cet environnement, les enjeux de prévention, de maîtrise des risques et de gestion des sinistres deviennent des éléments centraux de la relation client, au même titre que les garanties contractuelles.
Un régime CatNat sous pression face à la multiplication des événements
L’augmentation de la surprime CatNat, passée de 12 % à 20 % selon les assureurs, reflète un nécessaire rééquilibrage du système d’indemnisation des catastrophes naturelles. Les données issues de Georisques montrent plus de 17 500 reconnaissances d’état de catastrophe naturelle en quarante ans et près de 50 milliards d’euros d’indemnisation sur la période.
Plus de 18,5 millions d’habitants sont aujourd’hui exposés à un risque d’inondation, tandis que 56 % du territoire métropolitain est concerné par les mouvements de terrain. Cette cartographie souligne l’ampleur des défis auxquels les assureurs doivent répondre, notamment en matière d’adaptation tarifaire, d’Innovation technique et de protection du Patrimoine immobilier.
Les sinistres chez Acheel : une progression favorisée par des comportements à risque
Selon les données d’Acheel, l’augmentation des sinistres hivernaux ne s’explique pas uniquement par les phénomènes climatiques. Près de 20 % des sinistres pourraient être évités grâce à une meilleure préparation des logements. Les tempêtes, les dégâts des eaux et les incendies représentent la majorité des déclarations, rappelant l’importance d’une prévention opérationnelle.
Les équipes d’Acheel constatent que les dégâts des eaux constituent une part notable des sinistres hivernaux, parfois dus à des ruptures de canalisations. Le manque d’entretien des systèmes de ventilation, l’absence de vérification des toitures ou encore une mauvaise gestion des appareils de chauffage participent à cette recrudescence. Cette tendance confirme que les pratiques quotidiennes deviennent un déterminant important dans la fréquence et la gravité des sinistres.
Des sinistres exacerbés par les nouveaux modes de vie et les contraintes climatiques
Les données analysées mettent en lumière l’effet combiné de l’évolution du climat et de l’évolution des usages. Les logements sont plus exposés aux infiltrations après des épisodes de pluie intense succédant à des périodes de sécheresse. Les variations thermiques rapides fragilisent les matériaux, tandis que l’augmentation des équipements extérieurs (abris, installations de loisirs, extensions) accroît les zones d’exposition au risque.
Pour les professionnels de l’assurance, ces évolutions impliquent de renforcer l’information autour de la prévention et d’adapter les modèles de souscription. L’entretien préventif, la surveillance des installations et la prise en compte des nouvelles configurations d’habitat deviennent des leviers essentiels pour limiter les impacts futurs.

