Le dernier baromètre Odoxa pour Groupama révèle une opposition persistante à la réforme Borne, mais aussi une évolution rapide des comportements : les Français épargnent davantage, anticipent plus tôt leur retraite et privilégient désormais un système mêlant répartition et capitalisation.
Selon la cinquième vague du baromètre Odoxa réalisé pour Groupama, les Français continuent de refuser la réforme Borne de 2023. Dès 2022, l’idée d’un départ à 64 ou 65 ans apparaissait inacceptable pour une large majorité, qui visait plutôt 62 ans. Promulguée puis durablement contestée, la réforme reste rejetée par 60 % des Français et 67 % des non-retraités, lesquels la jugent injuste et peu lisible. Réinterrogés en octobre, 61 % se déclarent satisfaits de sa suspension.
Malgré cette impopularité, la réforme a modifié les comportements. La moitié des non-retraités prépare désormais sa retraite, parfois dès 25 ans. L’épargne progresse sous différentes formes, qu’elle soit individuelle, salariale ou professionnelle. Les montants consacrés atteignent en moyenne 260 euros par mois, soit une hausse marquée depuis sept ans. Beaucoup anticipent aussi un départ plus tardif : 64 ans devient l’hypothèse la plus répandue, et 46 % envisagent un âge supérieur à 65 ans.
Pour assurer l’avenir du système, une majorité ne croit pas possible de « ne rien faire ». L’introduction d’une part de capitalisation recueille 35 % des préférences, devant l’augmentation des cotisations ou la durée de cotisation, tandis que seuls 4 % évoquent une baisse des pensions. Un système mixte répartition-capitalisation est souhaité par 57 %, et la capitalisation attire désormais davantage que la seule répartition. En cas de nécessité de travailler plus longtemps, l’allongement de la durée de cotisation est préféré au report de l’âge légal.
Pour améliorer leurs revenus futurs, 59 % des non-retraités privilégient une épargne accrue, individuelle ou collective, plutôt qu’un volume de travail plus élevé. Neuf Français sur dix jugent utile de disposer d’une épargne retraite complémentaire, et 80 % estiment que les entreprises ont un rôle d’information et de soutien financier à jouer. Cette évolution témoigne d’un rapport renouvelé à la prévoyance et à l’organisation de la retraite dans la société.

