Selon l’étude Ipsos–CESI « Health Service Report 2025 », 86 % des Français jugent leur système de santé surchargé et 51 % anticipent une dégradation de la qualité des soins. Accès aux médecins, délais et inégalités nourrissent le malaise.
Le « Health Service Report 2025 » d’Ipsos et de l’école d’ingénieurs CESI a récemment dressé un diagnostic préoccupant du système de santé français. Pour 86 % des répondants, il est surchargé et le manque de personnel est pointé comme problème numéro un par 75 % des Français (contre 45 % en moyenne internationale). Selon les auteurs, le diagnostic est sans appel : « le système de santé devient structurellement défaillant ».
Les questions d’accès aux soins illustrent parfaitement cette dynamique. Seuls 28 % des Français jugent facile l’accès aux médecins, avant-dernier rang mondial, et 73 % estiment les délais trop longs, en hausse de 20 points depuis 2018. Paradoxe relevé par l’étude, la France est en tête pour l’accès aux pharmacies (90 %). Cette dichotomie alimente le sentiment d’un système à deux vitesses dans la médecine de ville.
La question sociale est saillante : 67 % considèrent que la plupart de leurs concitoyens ne peuvent pas se permettre des soins corrects et seulement 34 % jugent la qualité des soins égale pour tous. Au total, 51 % anticipent une dégradation de la qualité des soins dans les prochaines années, faisant de la France le pays le plus pessimiste.
Les priorités de santé reflètent aussi une évolution de la société. Le cancer demeure la première inquiétude pour 60 % des sondés (+6 points par rapport à 2024). La santé mentale représentait 10 % des préoccupations en 2018 et 48 % en 2025 : 60 % déclarent aujourd’hui penser régulièrement à leur bien-être mental et le bien-être physique est cité par 74 %.
L’obésité est vue comme un problème majeur par 31 % des répondants, au même niveau que le vieillissement de la population (31 %). Près de 68 % anticipent davantage de personnes obèses d’ici dix ans, contre 54 % dans le monde. Toutefois, les traitements GLP-1 (Ozempic, Wegovy, etc.) restent peu connus : 25 % seulement en ont entendu parler, loin derrière les États-Unis (74 %), le Canada (70 %), les Pays-Bas (66 %) et le Royaume-Uni (64 %).
Pour Ipsos, cette « exception française » négative tient à une organisation perçue comme inéquitable, des délais en hausse et une relation patient-système fragilisée. Entre contraintes de personnel et attentes croissantes, les résultats interrogent la capacité du pays à garantir un accès effectif aux soins, dans un contexte où santé et cohésion sociale se rejoignent.

