Escroqueries bancaires : une explosion mondiale de 65 %

Selon le dernier rapport de BioCatch, la criminalité financière connaît une croissance sans précédent en 2025. Les tentatives de vishing (hameçonnage vocal) ont doublé, tandis que les escroqueries sentimentales et à l’investissement progressent respectivement de 63 % et 42 %. 

Le rapport annuel de BioCatch, entreprise spécialisée dans la prévention de la fraude comportementale, dresse un constat sans appel : les escroqueries bancaires explosent à travers le monde, avec une hausse globale de 65 % sur un an. Cette tendance touche aussi bien les particuliers que les institutions financières, fragilisant la confiance dans le système bancaire international.

Les attaques par hameçonnage vocal (vishing) connaissent une progression spectaculaire de 100 %, tandis que les escroqueries sentimentales, dites romance scams, bondissent de 63 %. Les fraudes à l’investissement, de leur côté, augmentent de 42 %, portées par la popularité des plateformes numériques et des promesses de rendements rapides.

Les attaques par SMS frauduleux (smishing) se multiplient également, leur volume ayant été multiplié par dix en un an. Ces pratiques, souvent couplées à des campagnes d’ingénierie sociale sophistiquées, exploitent la vulnérabilité émotionnelle et la méconnaissance technologique des victimes.

Des pertes colossales et un système sous tension

D’après la Global Anti-Scam Alliance, les pertes liées à la fraude mondiale atteignent désormais près de 1 000 milliards d’euros par an, un chiffre en constante augmentation. Ces escroqueries ne se limitent plus à la sphère financière : elles touchent directement le patrimoine des ménages, les entreprises, et même les institutions publiques.

« Ces chiffres sont impressionnants, mais pas surprenants », déclare Tom Peacock, directeur mondial de l’intelligence en matière de fraude chez BioCatch. « Les équipes antifraude des plus grandes banques du monde font face à un véritable raz-de-marée d’escroqueries. »

Les analyses de BioCatch mettent en évidence le rôle croissant des organisations criminelles structurées. Le département du Trésor américain a récemment attribué la majorité de ces fraudes à des réseaux organisés, souvent implantés dans des zones à faible contrôle juridique ou technologique.

Quand le système financier devient une arme contre les particuliers

Les escroqueries en ligne dépassent aujourd’hui le simple vol d’argent. Elles s’inscrivent dans des logiques criminelles complexes mêlant traite humaine, exploitation numérique et blanchiment à grande échelle.

« Le système financier est désormais utilisé pour exploiter les gens », explique Ian Mitchell, fondateur de l’organisation The Knoble, dédiée à la lutte contre la criminalité financière. « Ces crimes prennent de nombreuses formes : patrimoines familiaux volés, personnes réduites en esclavage dans des centres d’escroquerie, et argent transféré à travers le monde pour financer d’autres crimes. »

Certaines villes, notamment en Asie du Sud-Est, se transforment en véritables “boomtowns de la fraude”, où des milliers de personnes travaillent dans des centres d’arnaques industrialisées. Ces zones grises posent un défi majeur aux institutions financières et aux autorités internationales.

L’intelligence comportementale, une réponse prometteuse

Malgré ce contexte alarmant, le rapport de BioCatch fait ressortir un signe d’espoir : les banques clientes de la société ont enregistré une baisse de 15 % des fraudes par usurpation d’identité grâce à l’usage croissant de l’intelligence comportementale.
Cette approche consiste à analyser en temps réel les habitudes numériques et les micro-comportements des utilisateurs (mouvements de souris, vitesse de frappe, séquences de navigation) pour détecter les anomalies signalant une possible fraude.

En juillet 2025, BioCatch a lancé Scams360, une solution de protection intégrée contre les escroqueries les plus difficiles à identifier: notamment les romance scams, les fraudes à l’investissement et les compromissions d’e-mails professionnels (BEC).
Ce dispositif s’appuie sur des algorithmes de machine learning et de data intelligence, capables d’anticiper les comportements suspects avant la transaction, une avancée stratégique dans un contexte où la réactivité reste clé.

Un enjeu pour les acteurs de l’assurance et de la conformité

La montée des fraudes numériques redéfinit également les priorités du secteur de l’assurance. Les entreprises doivent non seulement protéger leurs propres systèmes, mais aussi accompagner les assurés dans la prévention des risques numériques.

Les banques, assureurs et fintechs sont aujourd’hui appelés à renforcer leurs politiques de conformité réglementaire (AML/KYC), lutte contre le blanchiment d’argent et connaissance client, tout en investissant dans des technologies capables de détecter les signaux faibles avant qu’un préjudice ne survienne.

Ces dynamiques s’inscrivent dans une logique plus large d’innovation et de sécurisation du patrimoine numérique, où la coopération entre acteurs publics et privés devient essentielle pour endiguer un phénomène désormais globalisé.

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