Salariés fragilisés : un nouveau défi social

Le baromètre 2025 de Malakoff Humanis signale une montée des fragilités personnelles chez les salariés et leur impact direct sur l’organisation du travail. Dirigeants et équipes en perçoivent les effets, tandis que des dispositifs de prévention et d’accompagnement se déploient.

Selon le Baromètre Fragilités des salariés 2025, 59 % des salariés déclarent vivre une fragilité personnelle, en hausse de 17 points depuis 2020. Parmi eux, 64 % estiment que ces situations influent sur leur vie professionnelle. Souvent tues, elles forment une nouvelle norme silencieuse aux effets pourtant sensibles pour l’entreprise.

La souffrance psychologique touche 21 % des salariés, soit +13 points en cinq ans. L’isolement social (17 %) et les addictions (12 %) progressent de 10 points, les difficultés financières (18 %) de 9 points. Aucun profil type ne se dégage, même si les femmes, les moins de 25 ans, les 35-44 ans, les salariés du commerce et des services et d’Île-de-France apparaissent plus exposés à la précarité d’emploi, à une rémunération faible ou à des horaires contraignants.

Les impacts se vérifient : parmi les personnes atteintes d’une maladie grave ou chronique, 48 % déclarent un épuisement professionnel (23 % dans l’ensemble) et 42 % des difficultés de conciliation vie pro-vie perso (32 % dans l’ensemble). Chez les aidants, 44 % évoquent le burn-out et 50 % une conciliation compliquée. Côté entreprises, les dirigeants citent des effets sur l’engagement (52 %), la performance (43 %), le climat et la cohésion sociale (41 %) et l’absentéisme (38 %). S’ils sont 77 % à se dire préoccupés, beaucoup peinent à cerner la nature des fragilités, souvent rattachées à la sphère privée. La part de dirigeants qui se sentent légitimes pour agir recule de 4 points depuis 2023, tandis que ceux qui perçoivent une contrainte pour l’organisation du travail diminuent de 8 points.

Un tiers des entreprises a engagé des dispositifs, mais seuls 48 % des salariés en ont connaissance, signe d’un enjeu de communication interne. Les priorités citées par les salariés portent sur la santé mentale, la prévention des violences et discriminations, la formation des managers et l’identification des situations fréquentes. Les dirigeants mettent en avant les aménagements du temps ou des conditions de travail, des congés spécifiques et des actions de prévention des risques professionnels et de santé.

Réalisée par Harris Interactive du 17 avril au 7 mai 2025 auprès de 450 dirigeants et 2 060 salariés du privé, l’étude mentionne un besoin d’appui : 67 % des dirigeants souhaitent être accompagnés sur les fragilités professionnelles et 55 % sur les fragilités personnelles, notamment via des outils de data et de diagnostic.

Malakoff Humanis propose un diagnostic des fragilités, des programmes de sensibilisation pour les managers (handicap, aidance, cancer), une ligne d’écoute et d’orientation assurée par des experts en accompagnement social, un parcours « Tremplin » et un dispositif de retour à l’emploi. En 2024, 150 000 actifs ont été accompagnés ; deux tiers constatent une amélioration, pour 25 millions d’euros d’aides. Côté assurance et prévoyance, l’offre « Aide aux aidants » apporte un complément de salaire et des services, tandis que l’offre « Maladies redoutées » prévoit un capital financier et un accompagnement dès l’annonce du diagnostic. L’ensemble s’inscrit dans une démarche articulée autour des fragilités, de la prévention santé et de l’accès aux soins.

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