Femmes à la retraite : des inégalités persistantes

Plus nombreuses parmi les retraités, les femmes demeurent pénalisées par des carrières fragmentées et un moindre accès à l’épargne retraite. Entre écarts de pension, inquiétudes et intérêt croissant pour le PER, le diagnostic reste contrasté.

De génération en génération, la participation accrue des femmes au marché du travail se traduit par une hausse de leur part parmi les retraités de droit direct en France. D’après le rapport « Les retraités et les retraites – Édition 2025 » de la Drees, publié en juillet, elles représentaient fin 2023 53 % des 17,2 millions de retraités affiliés, contre 50,8 % en 2004. Cette progression reflète l’évolution de leur rôle économique et social, tout en rappelant la persistance d’inégalités structurelles de revenus et de pension. La pension moyenne brute de droit direct des femmes reste inférieure de 38 % à celle des hommes avant réversion, et de 25 % après prise en compte des droits dérivés. Pour mieux comprendre ce qu’est être une femme à la retraite, le Cercle de l’épargne, think tank d’AG2R LA MONDIALE a produit un rapport.

La surreprésentation féminine parmi les 4,4 millions de bénéficiaires d’une pension de droit dérivé illustre l’écart entre les deux sexes : neuf attributions sur dix concernent des femmes, et pour 900 000 d’entre elles, cette pension constitue l’unique ressource. Les écarts salariaux, les interruptions et le temps partiel pèsent, tout comme la structure des régimes et des droits familiaux. Cette fragilité alimente l’inquiétude : 68 % des femmes estiment que leur pension est ou sera insuffisante, contre 61 % des hommes. Le maintien du niveau des pensions arrive en tête des priorités de protection sociale (61 % des femmes, 59 % des hommes), devant les dépenses de santé et la dépendance.

Côté épargne, 48 % des femmes déclarent mettre de l’argent de côté pour la retraite, contre 52 % des hommes. Elles le font plus souvent « quand c’est possible » que régulièrement. En entreprise, l’accès aux dispositifs demeure inégal : 39 % des femmes détiennent un PERECO/PERCO, contre 61 % des hommes ; en individuel (PER, PERP, Madelin), les adhérentes représentent 46 %. Les spécialisations sectorielles (santé, action sociale), moins rémunératrices et moins équipées, pèsent sur la couverture, tout comme la non-prise en compte de la fonction publique (62 % de femmes) dans certaines statistiques.

Toutefois, la prise de conscience progresse : quatre femmes sur dix jugent qu’il faut commencer à épargner avant 30 ans, et 23 % entre 30 et 35 ans ; la part considérant cette préparation « inutile » reste marginale (5 %). L’intérêt pour le Plan d’Épargne Retraite est réel : 47 % des femmes le jugent intéressant, proche des hommes (49 %). L’assurance-vie et le Livret A restent également cités.

Pour autant, la capitalisation pèse peu : fin 2023, l’épargne retraite ne représente que 5 % des cotisations et 2,2 % des prestations. Seules 38 % des femmes (37 % des hommes) disent avoir souscrit un PER ou envisager de le faire. En toile de fond, le taux de pauvreté féminin demeure supérieur de 1,5 point à celui des hommes. 

Au-delà des produits (PER, assurance-vie), l’enjeu est structurel : sécuriser les parcours, élargir l’accès aux dispositifs collectifs et mieux articuler emploi, famille et retraite afin de réduire durablement les écarts de pension.

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