Le marché du deux-roues amorce un léger rebond en 2025

Malgré un début d’année difficile, le marché français du deux-roues semble se redresser depuis l’été. L’Observatoire du deux-roues Solly Azar – AAA Data enregistre une hausse de 3 % sur le troisième trimestre, portée par le dynamisme du marché de l’occasion, confirmant un changement structurel des comportements d’achat.

Après un premier semestre morose, le marché du deux-roues reprend des couleurs. Selon les données de l’Observatoire du deux-roues Solly Azar, l’activité globale reste en recul de 7 % sur les neuf premiers mois de 2025, mais la tendance s’inverse au troisième trimestre avec un rebond de 3 % par rapport à 2024. Ce sursaut est essentiellement tiré par la moto d’occasion, dont les ventes ont progressé de 10 % sur la même période.

Ce redressement fait suite à un début d’année marqué par des replis successifs : -21 % au premier trimestre, puis -5 % au second. En cause, un contexte économique tendu, une inflation persistante et des arbitrages budgétaires défavorables aux achats de véhicules neufs. Toutefois, la reprise estivale laisse entrevoir un retour progressif de la demande, notamment dans le segment des motos de moyenne et grosse cylindrée.

L’occasion s’impose comme le moteur du marché

Si le neuf reste en difficulté, avec une baisse de 15 % (181 929 unités immatriculées contre 214 554 un an plus tôt), le marché de l’occasion s’affirme comme un relais de croissance majeur. Malgré un recul global de 5 % sur les neuf premiers mois (601 804 unités contre 632 227 en 2024), il progresse nettement depuis l’été, témoignant d’un réajustement des comportements d’achat.

Les consommateurs se tournent vers des modèles plus abordables, plus accessibles à entretenir et à assurer. La part de l’occasion dans le total des immatriculations atteint désormais 77 %, contre 75 % l’an passé. Ce changement structurel reflète également une attente vis-à-vis des innovations technologiques, notamment dans le domaine de l’électrique, encore perçu comme coûteux et peu mature.

Selon Maëlle Faure, cheffe produits Auto et Moto chez Solly Azar, « les résultats du troisième trimestre sont encourageants. Dans un contexte où les alternatives de mobilité se développent et où l’offre de petites cylindrées se réduit, les motards font le choix de véhicules plus accessibles et, dans la mesure du possible, plus durables. »

Un marché de l’électrique en quête de stabilité

Le segment de l’électrique reste en demi-teinte. Avec 28 024 immatriculations enregistrées entre janvier et septembre 2025, il affiche une baisse globale de 6 %. Le marché est scindé entre une occasion dynamique (+34 % pour les cyclomoteurs et +57 % pour les motos électriques) et un neuf en difficulté (-35 % pour les cyclos, -29 % pour les motos).

Cette disparité illustre le double frein auquel fait face l’électrique : une offre encore limitée et onéreuse, et une demande hésitante, freinée par l’absence d’incitations fortes et de modèles adaptés aux usages quotidiens. Les acteurs du secteur, assureurs compris, doivent encore adapter leurs produits et garanties pour soutenir cette transition vers une mobilité plus durable.

Le segment des cyclos en perte de vitesse

Le marché du cyclomoteur continue de souffrir, avec un recul de 19 % sur les neuf premiers mois (162 668 unités). Les ventes de modèles neufs chutent de 25 %, tandis que celles de l’occasion diminuent de 16 %. Cependant, une stabilisation semble se profiler : le troisième trimestre n’affiche qu’une baisse de 5 %, et les cyclos d’occasion montrent même une légère résistance.

Ce segment pâtit de la concurrence croissante des mobilités alternatives, vélos électriques, trottinettes et voitures sans permis, jugées plus sûres et souvent plus économiques. Le marché des voitures sans permis (VSP) lui-même enregistre un ralentissement, avec une baisse globale de 5 %, mais une nette préférence pour l’occasion (+7 %) au détriment du neuf (-21 %).

Des dynamiques générationnelles et territoriales marquées

Les jeunes motards sont aujourd’hui les plus actifs : +10 % pour les 14–17 ans et +4 % pour les 18–25 ans. À l’inverse, la fréquentation du marché recule chez les plus de 40 ans, notamment -11 % pour les 56 ans et plus. Ces évolutions traduisent une jeunesse motarde attachée à la liberté de mobilité, mais plus attentive à ses dépenses.

Sur le plan géographique, la tendance suit également des contrastes : les zones rurales enregistrent les plus fortes baisses (-7 %), tandis que les grandes métropoles limitent la chute à -3 %, notamment Paris, Lyon et Marseille-Aix-en-Provence.

Comme le souligne Marie-Laure Nivot, Head of Automotive Market Analysis chez AAA Data, « le marché du deux-roues reste pénalisé par un contexte économique incertain. Toutefois, l’été a marqué un point d’inflexion encourageant, qu’il faudra confirmer sur la fin d’année. »

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