Le 4 octobre 1945, au lendemain de la guerre, la Sécurité sociale naissait d’une volonté politique forte : garantir à tous les citoyens des moyens d’existence et de protection face aux aléas de la vie.
Quatre-vingts ans plus tard, elle demeure un repère incontournable du quotidien – de la carte Vitale aux remboursements médicaux, en passant par les congés maternité ou la retraite. Mais à l’heure où le système fête son anniversaire, une question essentielle se pose : que voulons-nous protéger pour demain ?
Les Français entre attachement et inquiétudes
L’Enquête Ipsos -VYV Fondation Jean Jaures – Sécurité Sociale dresse un tableau contrasté du rapport des Français à la Sécurité sociale. Si 87 % des seniors connaissent la date de sa création, ils ne sont que 50 % parmi les jeunes adultes. Plus préoccupant encore : 64 % redoutent de ne plus avoir les moyens de se soigner dans l’avenir.
Symbole d’un héritage collectif, la Sécu reste pourtant l’objet de tensions : 72 % des sondés l’associent à la fois à des acquis essentiels et à des inquiétudes liées à la fraude, à la dette ou aux coûts. 64 % redoutent de ne plus avoir les moyens de se soigner dans l’avenir et une majorité écrasante (91 %) réclame d’ailleurs un renforcement de la lutte contre les abus, tout en défendant le maintien de son universalité (85 %).
Des défis sociaux et générationnels
Pour les jeunes, les actifs précaires, les aidants et les familles, la Sécurité sociale n’est pas un vestige du passé : elle demeure un filet de sécurité vital. Mais la crainte d’un désert médical, la difficulté à assumer un reste à charge ou la peur de vieillir sans accompagnement digne pèsent lourdement sur les esprits.
À cela s’ajoutent des défis structurels majeurs : une dette sociale dépassant 150 milliards d’euros, une crise de recrutement dans les hôpitaux, la pression sur les EHPAD face au vieillissement démographique, et des arbitrages budgétaires difficiles dans le cadre du prochain Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2026).
« Une urgence absolue » pour la santé
Pour Stéphane Junique, président du Groupe VYV, le temps est venu de dépasser les logiques comptables : « La santé est au cœur des grandes mutations de notre société. Refusons les réponses purement budgétaires et à courte vue, qui fragiliseraient l’accès aux soins. Il est essentiel de faire de la santé une priorité nationale : stratégie pluriannuelle, prévention, accompagnement du grand âge, prise en charge des maladies chroniques et revalorisation des métiers du soin sont des urgences absolues. »
Un choix de société
La Sécurité sociale reste avant tout une question collective. En 1945, elle avait pour ambition d’« assurer à tous les citoyens des moyens d’existence ». En 2025, alors que l’espérance de vie, les besoins médicaux et les inégalités sociales évoluent, le débat est relancé : que voulons-nous protéger pour les prochaines années ?

