Absentéisme long : un phénomène installé aux impacts négatif

Menée auprès de 1 500 salariés du privé et semi-public, l’enquête Ipsos en partenariat avec Predilife dresse un état des lieux : absentéisme long vécu ou observé par 49 % des répondants, stress en hausse et actions de prévention jugées insuffisantes.

En France, l’absentéisme au quotidien est une réalité tangible pour de nombreux salariés, vécue directement ou observée dans les équipes. Au-delà des épisodes courts, les arrêts de longue durée engendrent un coût humain (moral, stress, motivation, situation financière) et laissent des cicatrices pour les entreprises (charge de travail accrue, tensions, baisse de productivité). D’où la nécessité de prévenir et d’accompagner, l’entreprise étant un acteur clé du bien-être et de la santé de ses collaborateurs, via des actions structurées de prévention, d’écoute, de communication, et une adaptation de l’organisation du travail. 

Une étude Ipsos x Predilife, réalisée auprès de 1 500 salariés âgés de 18 à 65 ans, employés dans des organisations privées ou semi-publiques de plus de 50 salariés, constate que le phénomène s’est installé : 41 % déclarent au moins une absence sur les douze derniers mois ; 22 % ont déjà connu une absence longue (≥ 3 mois) dans leur carrière. Au niveau collectif, 1 salarié sur 3 a connu une absence longue dans son équipe sur l’année, et 49 % ont vécu et/ou été confrontés à ce type d’arrêt au cours de leur parcours.

La santé mentale ressort comme première cause d’arrêts prolongés ; les cadres sont davantage touchés par le stress et le burnout, tandis que les CSP- sont plus exposées aux maladies de longue durée. « Peur du jugement », « manque de compassion du manager » et crainte d’un impact sur la carrière reviennent chez ceux qui jugent l’annonce de l’arrêt difficile (18 % contre 14 % en projection).

Le bien-être se fragilise : 54 % estiment que leur stress a augmenté en deux ans (52 % en 2024). Chez ceux ayant connu un arrêt long, cette hausse atteint 64 % sur l’ensemble de la carrière et 70 % sur l’année écoulée. Côté ressenti, 44 % se disent « bien et motivés », 35 % « bien mais peu motivés », 15 % « stressés et surchargés ». L’équilibre vie pro/vie perso est davantage dégradé chez les salariés passés par un arrêt long.

Du point de vue des salariés, l’absentéisme augmente considérablement la charge de travail et le niveau de stress au sein des équipes, et impacte aussi la motivation et la productivité. Ils citent notamment l’augmentation de la charge de travail (38 %), la hausse du stress (12 %), la baisse de motivation (11 %) et de productivité (10 %). Deux tiers (65 %) anticipent une hausse de l’absentéisme avec l’allongement de la durée de travail ; la crainte monte à 75 % chez ceux ayant connu un arrêt long.

Dans ce contexte, la prévention apparaît insuffisante : 60 % jugent que leur entreprise n’en fait pas assez (13 % estiment qu’il n’y a aucune action). Les dispositifs les plus développés sont le télétravail (50 %), l’aménagement des horaires (42 %) et l’amélioration des conditions de travail (41 %), mais la moitié des salariés n’en perçoivent pas l’efficacité. Les mesures attendues portent sur l’écoute et la communication, la reconnaissance, la réduction de la charge (recrutements), davantage de flexibilité et des actions de santé/bien-être.

Le rôle de l’entreprise est confirmé : 83 % la jugent responsable du bien-être, 78 % de la santé, et 86 % estiment qu’elle doit jouer un rôle déterminant dans la prévention liée aux maladies graves ; 87 % souhaitent plus d’investissements. Les actions santé pèsent dans le choix et la fidélité à l’employeur. Enfin, une large majorité des intéressés voit dans des bilans de santé prédictifs un moyen d’éviter des arrêts, d’améliorer le bien-être et d’ancrer l’attachement à l’entreprise.

L’enquête plaide ainsi pour une politique structurée de prévention (santé mentale et physique), une communication rénovée et une organisation du travail adaptée afin de contenir l’absentéisme de longue durée.

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