Menée auprès de 5 633 jeunes, l’enquête de la Mutualité Française, de l’Institut Montaigne et de l’Institut Terram cartographie en 2025 des inégalités marquées de santé mentale : 1 sur 4 présente une dépression, avec des niveaux record outre-mer.
La Mutualité Française, l’Institut Montaigne et l’Institut Terram dévoilent une enquête conduite au printemps 2025 auprès de 5 633 jeunes de 15 à 29 ans, représentatifs de la population en Hexagone et dans les Outre-mer. L’approche, transversale et ancrée dans les territoires, met au jour des fragilités durables liées aux conditions de vie, d’étude et de travail, à la précarité, au rapport au numérique, à l’environnement familial et à l’ancrage territorial.
Un quart des répondants (25 %) souffre de dépression. Près d’un tiers (31 %) déclare avoir déjà eu des pensées suicidaires ou envisagé de se faire du mal. Le stress est massif : 87 % se disent stressés par les études, 75 % par le travail, avec un impact accru chez les indépendants, chômeurs et salariés à temps partiel. Le harcèlement pèse fortement : 26 % rapportent un cyberharcèlement et 31 % un harcèlement scolaire, corrélés à davantage d’épisodes dépressifs.
Les écarts territoriaux sont marqués. Outre-mer, 39 % des jeunes sont en dépression ; la proportion atteint 52 % en Guyane, 44 % en Martinique et 43 % à Mayotte, contre 19 % à 28 % selon les régions de l’Hexagone (de Bourgogne-Franche-Comté à PACA). Les jeunes femmes sont plus touchées (27 % contre 22 % des hommes), surtout avant 22 ans (29 % contre 19 %). L’urbain apparaît plus exposé : 27 % en ville contre 20 % en zone rurale ; le sentiment de tristesse ou de désespoir concerne 64 % des métropolitains, 54 % en milieu rural.
L’accès aux soins et la prévention restent en deçà des besoins. Dispositifs jugés fragmentés et peu lisibles, peur de la stigmatisation, méconnaissance des ressources et obstacles matériels freinent les démarches : 38 % seulement ont parlé de leur santé mentale à un professionnel, 21 % à plusieurs reprises ; 19 % chez les 15-17 ans. Dans les DROM, le recours est plus limité encore (30 %, 27 % à Mayotte). Si 76 % ont été sensibilisés, les réseaux sociaux sont désormais le canal privilégié ; la fiabilité de l’information et la communication adaptée demeurent centrales pour la prévention.
Interrogés sur les solutions, les jeunes plébiscitent : faciliter l’accès aux soins psychologiques (36 %) et à la prévention (36 %), améliorer l’accessibilité des dispositifs (34 %), encourager sport, culture et sociabilité (16 %), renforcer les compétences psychosociales (13 %). Ces attentes dessinent des pistes d’organisation concrètes pour la relation aux publics et la politique de santé.
Les partenaires appellent à une réponse structurée. « Cette étude, inédite par son ampleur et sa profondeur, révèle des constats alarmants sur la santé mentale des jeunes dans tous les territoires. Face à cette réalité, nous ne pouvons plus rester spectateurs. En cette année où la santé mentale est la grande cause nationale, il est encore temps de franchir un cap et bâtir une politique ambitieuse, cohérente et durable, en s’appuyant sur les recommandations formulées par les jeunes. C’est une urgence sociale. Et c’est une responsabilité collective. » a déclaré Séverine Salgado, directrice générale de la Mutualité Française.
Pour Margaux Tellier-Poulain, de l’Institut Montaigne, « l’instabilité dans l’enfance, la précarité économique, le stress, harcèlement, le lieu de vie sont autant de déterminants qu’il faut considérer pleinement pour pouvoir y répondre ». « Les chiffres, s’ils sont alarmants, doivent être replacés dans les environnements concrets qui façonnent les expériences de la souffrance psychologique ou psychique. » conclut Victor Delage, de l’Institut Terram.

