La montée en puissance de l’assurance embarquée impose aux assureurs de revoir en profondeur leur architecture technologique. Face à une demande croissante de partenariats avec des entreprises non assurantielles, les acteurs traditionnels doivent adapter leur chaîne de valeur.
Cela implique de repenser la personnalisation des offres, la rapidité de mise sur le marché et l’intégration dans des écosystèmes numériques complexes. Un enjeu d’autant plus stratégique qu’il s’inscrit au croisement de l’innovation, de la technologie, de la relation client et de la réglementation. Lire aussi notre dossier sur l’intégration des API dans la relation client.
Portée par l’essor des plateformes numériques, l’assurance embarquée (embedded insurance) consiste à intégrer automatiquement une couverture d’assurance à l’achat d’un produit ou d’un service. Elle permet aux entreprises d’élargir leur offre, tout en facilitant l’accès à l’assurance pour les utilisateurs finaux. Selon une étude de Boston Consulting Group (BCG), ce marché pourrait représenter plus de 70 milliards de dollars de primes d’ici 2030, contre 13 milliards aujourd’hui.
Mais cette dynamique suppose une transformation structurelle des systèmes d’information des assureurs. Ceux-ci doivent adapter leur socle technologique pour répondre aux exigences de personnalisation, de scalabilité et d’intégration en temps réel. Ce changement de paradigme concerne autant les grands groupes d’assurance que les start-up spécialisées, souvent plus agiles.
Une architecture modulaire au cœur de la transformation
La clé d’une offre embarquée performante repose sur un moteur produit flexible, capable de générer des variantes d’assurance personnalisées selon les spécificités de chaque partenaire. Là où un produit traditionnel met des mois à être lancé, l’innovation technologique permet désormais un déploiement rapide, avec des ajustements en temps réel sur les conditions, les garanties ou les tarifs. Ce fonctionnement nécessite des outils sans code (ou low-code) pour permettre aux partenaires de configurer les parcours sans dépendance technique.
L’automatisation et les capacités d’intégration via des interfaces de programmation (API) sont également indispensables pour assurer la fluidité des processus, notamment lors de l’émission de contrats, du règlement des sinistres ou du renouvellement des polices.
Les données, moteur de performance et de personnalisation
L’assurance embarquée s’appuie sur une exploitation fine des données utilisateurs. Grâce à des outils d’analyse comportementale, les assureurs peuvent tester plusieurs versions d’un produit, adapter le tunnel de souscription ou ajuster les garanties. Ce recours au data analytics permet d’optimiser les taux de conversion, en particulier lorsque l’assurance est proposée au bon moment dans le parcours client.
En parallèle, la protection des données personnelles devient un enjeu réglementaire majeur. Les assureurs doivent intégrer les mécanismes de consentement dès la conception de leur infrastructure, conformément aux exigences du RGPD et aux attentes croissantes des consommateurs en matière de sécurité numérique.
Greenfield ou brownfield : deux approches pour un même objectif
Pour construire leur socle technologique, les assureurs ont le choix entre deux stratégies. L’approche greenfield consiste à développer une plateforme indépendante des systèmes existants. Elle offre plus de souplesse pour lancer rapidement des produits digitaux, à l’image d’un assureur européen ayant intégré des garanties de voyage et d’électronique dans des plateformes de mobilité et de fintech.
L’approche brownfield, plus conservatrice, repose sur l’extension de l’infrastructure existante. Elle permet de tirer parti des licences et processus internes, tout en intégrant progressivement des capacités numériques. Ce modèle hybride, adopté par un acteur mondial dans la zone Asie-Pacifique, démontre que la modernisation est possible sans rupture, à condition de faire évoluer les couches d’API et de cloud computing.
Vers une assurance native du numérique
L’assurance embarquée n’est plus une simple option dans la stratégie des assureurs. Elle devient une composante centrale de la transformation numérique du secteur. En s’adossant à un socle technologique ouvert, modulaire et conforme, les acteurs traditionnels peuvent rester compétitifs face à de nouveaux entrants issus de la tech ou du commerce en ligne.
Ce mouvement s’inscrit plus largement dans une redéfinition des rôles au sein des écosystèmes numériques : les partenaires deviennent prescripteurs, les assureurs des prestataires invisibles mais essentiels. Pour saisir pleinement les opportunités de croissance, encore faut-il investir dans des solutions technologiques à la hauteur des ambitions du secteur.

