Les prix des complémentaires santé continuent d’augmenter en France, avec des écarts de plus en plus marqués selon l’âge des assurés et leur lieu de résidence.
L’analyse réalisée par Meilleurtaux à partir de plusieurs profils-types révèle un effet âge particulièrement prononcé sur le niveau des cotisations. Chez les jeunes actifs, la complémentaire santé reste encore relativement accessible. À 25 ans, un salarié bénéficie en moyenne d’une couverture standard pour un peu moins de 40 euros par mois. Ce niveau de tarif s’explique par un recours limité aux soins et par des garanties dites classiques, même si une hausse annuelle sensible est déjà observée.
La situation évolue nettement pour les familles. Un foyer composé de deux adultes et deux enfants doit prévoir un budget mensuel dépassant 130 euros pour couvrir des besoins plus fréquents et plus variés, notamment en optique, dentaire et soins pédiatriques. La complémentaire devient alors un poste de dépense structurel du budget familial, même si la progression des cotisations demeure plus modérée que pour d’autres catégories d’assurés.
Le basculement tarifaire intervient clairement à partir de 60 ans. À cet âge, les couples doivent souscrire des garanties renforcées afin de faire face à une consommation médicale plus élevée. Le coût moyen dépasse alors 250 euros par mois, avant d’atteindre des niveaux encore plus élevés après 70 ans, avec des cotisations annuelles proches de 4 000 euros. Cette évolution traduit à la fois la fin de la couverture collective d’entreprise et l’augmentation des dépenses liées à l’hospitalisation, à l’audition ou aux soins dentaires.
« Cette photographie illustre un double effet prix : l’âge, avec un palier net entre 60 et 70 ans, et le niveau de garanties », analyse Samuel Bansard, directeur des activités de comparaison de Meilleurtaux.
Des disparités géographiques qui accentuent les inégalités
Au-delà de l’âge, le lieu de résidence constitue un second facteur déterminant dans la formation des prix. Les écarts entre départements peuvent atteindre jusqu’à 20 % pour une couverture équivalente. Les grandes métropoles et le pourtour méditerranéen concentrent les tarifs les plus élevés, en raison d’un coût des soins supérieur et d’une fréquence accrue des dépassements d’honoraires.
Dans des zones comme l’Île-de-France ou les Bouches-du-Rhône, les cotisations des seniors dépassent largement la moyenne nationale. À l’inverse, les départements ruraux du centre et de l’ouest affichent des niveaux de prix sensiblement inférieurs, permettant des économies annuelles significatives pour les assurés. Ces différences territoriales reflètent une tension entre densité de l’offre médicale, niveau des honoraires pratiqués et accessibilité financière des contrats.
Cette fracture géographique pose un enjeu majeur pour les acteurs de l’assurance santé. Dans les territoires ruraux, des cotisations plus faibles s’accompagnent souvent d’un accès plus limité aux soins. À l’inverse, dans les zones urbaines, la densité médicale se traduit par une inflation des coûts supportés par les complémentaires santé.
Un enjeu stratégique pour les assureurs et les pouvoirs publics
Dans un contexte de vieillissement de la population et de hausse structurelle des dépenses de santé, ces écarts interrogent la soutenabilité du modèle actuel. Pour les assureurs, il s’agit de concilier équilibre technique, mutualisation des risques et accessibilité des garanties. Pour les pouvoirs publics, la question de l’égalité territoriale et générationnelle d’accès à la protection santé reste centrale.
La comparaison des offres apparaît dès lors comme un levier essentiel pour ajuster le niveau de garanties aux besoins réels des assurés, tout en maîtrisant les coûts. Cette transparence tarifaire devient un enjeu clé pour restaurer la lisibilité du marché et renforcer la confiance dans les dispositifs d’assurance complémentaire.

