Retraite : la défiance pousse l’épargne de précaution

La majorité des Français doutent désormais de la capacité de l’État à garantir un niveau de retraite suffisant. Cette défiance alimente des comportements d’épargne dominés par la prudence et renforce le rôle de l’assurance et de la capitalisation dans la préparation de l’avenir. 

Dans un contexte de débats récurrents autour des réformes des retraites, le rapport des Français à l’épargne évolue sensiblement. Une étude menée par Poll&Roll pour Goodvest met en évidence une inquiétude croissante quant à l’avenir des pensions et une perte de confiance marquée envers le système public. Sept Français sur dix estiment désormais que l’État ne sera pas en mesure d’assurer un niveau de retraite décent, un signal fort pour l’ensemble des acteurs de l’assurance, de l’épargne et du patrimoine.

L’épargne comme rempart face aux incertitudes économiques

L’étude montre que l’épargne est aujourd’hui largement motivée par la recherche de sécurité plutôt que par une logique d’enrichissement. Près de la moitié des Français épargnent d’abord pour se constituer un matelas de sécurité et se protéger contre les aléas économiques. L’inflation pèse toutefois lourdement sur les capacités d’épargne, puisque près d’un tiers des répondants déclarent mettre moins d’argent de côté qu’auparavant, voire ne plus épargner du tout.

Les critères privilégiés pour choisir un placement confirment cette orientation prudente. La sécurité du capital et la liquidité, c’est-à-dire la possibilité de retirer rapidement son argent, arrivent en tête des priorités. Dans ce contexte, les livrets réglementés comme le livret A ou le Livret de développement durable et solidaire, plus connu sous le sigle LDDS, concentrent l’essentiel des flux d’épargne.

Une meilleure connaissance des dispositifs, mais une inquiétude persistante

Contrairement à certaines idées reçues, une majorité des Français estime disposer d’un niveau d’information satisfaisant pour choisir ses solutions d’épargne. Plus d’un sur deux déclare également bien connaître le fonctionnement du système de retraite français. Cette connaissance ne dissipe pourtant pas l’inquiétude, puisque près des trois quarts anticipent la nécessité de compléter leurs revenus futurs.

Dans cette perspective, le Plan d’épargne retraite, ou PER, s’impose progressivement comme un outil de référence pour préparer l’après-carrière. Il est désormais cité comme un support privilégié par une part croissante des épargnants, devant l’assurance vie et l’immobilier locatif. Pour les professionnels de l’assurance, cette dynamique confirme le rôle central des produits de capitalisation dans les stratégies de long terme. 

La progression de l’idée de capitalisation

Face à la défiance envers le système par répartition, la retraite par capitalisation gagne nettement du terrain dans l’opinion. Plus de la moitié des Français déclarent en avoir déjà entendu parler, et une large majorité se montrent favorables à son développement en complément du modèle existant. Ce mouvement traduit une recherche accrue de maîtrise individuelle sur son avenir financier, dans un environnement jugé instable.

Comme le souligne Joseph Choueifaty, PDG et cofondateur de Goodvest, « la retraite par capitalisation fait ses preuves dans d’autres pays mais aussi en France : déjà 11 millions de Français sont concernés individuellement ». Cette prise de position illustre l’évolution des représentations autour de la retraite et la place de plus en plus stratégique accordée à l’épargne longue.

Des conséquences directes pour le secteur de l’assurance

Ces évolutions de comportement renforcent mécaniquement le rôle des assureurs dans l’accompagnement des particuliers. L’assurance vie, le PER, la prévoyance et les solutions de gestion patrimoniale deviennent des piliers de la sécurisation des parcours de vie. La relation clients, la pédagogie financière et la transparence des produits apparaissent plus que jamais comme des leviers différenciants.

Dans un contexte marqué par l’incertitude économique, la question de la retraite ne relève plus uniquement de la politique publique. Elle s’inscrit désormais pleinement dans le champ de la stratégie individuelle, de l’anticipation patrimoniale et de la distribution de solutions d’assurance adaptées.

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