Dix ans après le 13 novembre : soutenir toutes les victimes

Dix ans après le 13 novembre 2015, Paris se souvient. Entre victimes directes et indirectes, l’accompagnement reste essentiel pour réparer, soutenir et protéger ceux dont la vie a basculé ce soir-là.

Le 13 novembre 2015, Paris s’est figée. Il était environ 21h lorsque les premières détonations ont retenti autour du Stade de France, suivies de fusillades sur des terrasses de cafés, puis de l’irréparable à la salle du Bataclan. Le bilan est accablant : au‑moins 130  personnes tuées et plusieurs centaines blessées.

Ce soir‑là, des vies basculent : spectateurs, amis sortis pour se détendre, employés d’un bar, jeunes venus profiter d’un concert. Pour beaucoup, “rentrer chez soi” signifiait désormais revenir avec une blessure profonde.

Le dispositif national d’accompagnement : le FGTI au cœur de la prise en charge

Face à l’ampleur des événements, la France a mis en place un véritable mécanisme : le Fonds de Garantie des Victimes des actes de Terrorisme et d’autres Infractions (FGTI).
Installé initialement pour faire face aux attentats, il a été élargi en 1990 pour couvrir également d’autres infractions. Il a pour mission première : « la réparation intégrale des dommages résultant d’une atteinte à la personne ».

Pour les victimes du 13 novembre, le fonds a pris en charge les victimes directes (celles présentes ce soir‑là) et leurs proches. Au 31 octobre 2019, environ 2 659 victimes avaient été indemnisées, pour un montant total de 107 millions d’euros

Le FGTI indemnise l’ensemble des préjudices : physiques, moraux, économiques, ainsi que le « préjudice exceptionnel spécifique » lié aux actes terroristes. L’objectif est clair : « vous n’êtes pas seul(e) ». 

La taxe « attentat » : quand tous les assurés participent

Cette solidarité est financée par la « taxe attentat ». Il s’agit d’une contribution annuelle obligatoire, prélevée sur chaque contrat d’assurance dommages (habitation, auto…).

Certains acteurs du secteur avaient jugé la taxe insuffisante pour faire face à la multiplication des attentats. Dans un communiqué du 3 août 2016, l’ancien directeur général d’AXA France, Jacques de Peretti, déclarait  que la  taxe attentat “n’est pas suffisante” pour couvrir l’ensemble des indemnisations liées aux attentats et répondre à la hausse de la menace terroriste.

À cette époque, la taxe était fixée à 4,30 € par contrat/an. Elle a ensuite été portée à 5,90 € par contrat/an à compter du 1er janvier 2017, puis à 6,50 € par contrat/an depuis le 1ᵉʳ juillet 2024.

Cette évolution illustre que la solidarité ne se fait pas toute seule : elle doit être régulièrement adaptée pour rester efficace face à la réalité des victimes. Chaque hausse de la taxe permet de s’assurer que celles et ceux touchés par un attentat puissent réellement compter sur un soutien concret, matériel et moral, quand leur vie a basculé.

Au‑delà des victimes directes : commerces et lieux touchés

Lorsqu’on parle des attentats, l’attention se concentre naturellement sur les personnes présentes sur les lieux. C’est logique et juste. Mais il ne faut pas oublier qu’il existe aussi des victimes « indirectes » : les commerçants dont la terrasse a été touchée, le bar à côté du Bataclan, l’exploitant d’une salle de spectacle qui a dû fermer temporairement, ou les salariés traumatisés par l’événement. Leur vie professionnelle, leur quotidien, et parfois leur santé psychologique ont également été bouleversés.

Sur le plan matériel, les garanties existent : l’article L126‑2 du Code des assurances impose aux contrats “biens” de couvrir les dommages matériels liés à un attentat ou à un acte terroriste, ce qui comprend les locaux, le contenu et la multirisque professionnelle.

Mais pour ce qui est de l’immatériel : la perte d’exploitation liée à une baisse de fréquentation ou le traumatisme psychologique restent des zones grises. Comme le soulignait Generali France : « Les conséquences sur la fréquentation des commerces aux alentours du lieu d’un attentat, ou plus généralement l’impact sur le tourisme sont très difficilement quantifiables et très rarement envisagés dans les contrats ».

En somme : si les garanties existent pour les biens et certains dommages, elles restent encore insuffisantes pour accompagner pleinement celles et ceux dont la vie professionnelle ou économique a été bouleversée.

Ne pas oublier et continuer à agir

Dix ans après, le 13 novembre reste dans toutes les mémoires. La menace terroriste est bien réelle, et ces événements nous rappellent que la vigilance et la solidarité ne sont jamais acquises.

Se souvenir, c’est important. Mais agir, c’est essentiel. Continuer à améliorer l’accompagnement de toutes les victimes, directes comme indirectes, c’est la meilleure manière de transformer ce souvenir douloureux en une solidarité concrète et durable.

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