Il existe de plus en plus de façons de dire qu’on est engagé. L’Impact Score cherche à montrer ce qu’il y a derrière les mots.
Face à la multiplication des labels, à la complexité des référentiels RSE et à la lisibilité toujours plus faible pour le grand public, les entreprises recherchent un outil simple et fiable pour mesurer leur impact réel. C’est dans ce contexte qu’a été lancé l’Impact Score, un référentiel né de 30 réseaux d’entreprises engagées et piloté par le Mouvement Impact France, avec pour ambition d’accélérer la transformation écologique et sociale des organisations.
L’Impact Score évalue les entreprises sur trois piliers :
- la limitation des externalités négatives (sociales et écologiques),
- le partage du pouvoir et de la valeur,
- la stratégie à impact positif.
En moins de deux heures, une entreprise peut établir son score gratuitement, identifier ses forces et ses axes d’amélioration.
Un succès croissant, mais une adoption inégale
À ce jour, 12 386 entreprises ont déjà réalisé leur Impact Score. Mais le taux d’adoption reste encore modeste dans le secteur banque-assurance, avec 340 entreprises seulement, soit 2,8 % du total. Plus révélateur encore : seules 36 d’entre elles ont choisi de rendre leurs résultats publics, soit un peu plus de 10 % du secteur.
Et dans ce paysage, Harmonie Mutuelle fait figure d’exception : seule ETI du secteur de l’assurance à avoir publié ses résultats en 2025, la mutuelle obtient un score global de 87/100 (76 en limitation des impacts négatifs, 78 en partage de la valeur et du pouvoir, et 100 en stratégie à impact positif).
Le paradoxe d’un secteur qui se dit engagé
Des chiffres qui interrogent, surtout pour un domaine qui revendique depuis plusieurs années son engagement sociétal et environnemental. Pour rappel, selon notre enquête “Comment les acteurs de l’assurance perçoivent-ils leur propre engagement ?”, menée cet été, 95 % des répondants estiment que le secteur est engagé sur les enjeux sociétaux et environnementaux.
Ce résultat souligne un décalage entre perception et transparence. Les acteurs sont convaincus de leur engagement, mais peu le traduisent en données publiques et vérifiables. Dans un contexte où la confiance repose de plus en plus sur des preuves concrètes, l’absence de publication n’est pas neutre.
Le retour du washing ?
Autrefois, le washing consistait à enjoliver les discours. Aujourd’hui, il peut se cacher dans la mesure elle-même : on mesure, mais on ne publie pas. Voilà le « washing par omission », une façon de conserver l’image d’un engagement sans affronter les chiffres.
Et l’actualité récente vient rappeler que le washing n’est plus sans conséquence. Le tribunal judiciaire de Paris vient de condamner TotalEnergies pour avoir trompé le public en verdissant son image : une première mondiale.
La justice a estimé que le groupe pétrolier avait commis des “pratiques commerciales trompeuses” en communiquant sur son “ambition d’atteindre la neutralité carbone” et sur son rôle dans “la transition énergétique”, tout en poursuivant l’augmentation de sa production de pétrole et de gaz.
Une décision historique, obtenue par les ONG Greenpeace France, Les Amis de la Terre France et Notre Affaire à Tous, qui illustre parfaitement les risques réputationnels et juridiques auxquels s’exposent les entreprises qui parlent d’engagement sans en démontrer les preuves.
Mesurer, c’est aussi s’engager
L’Impact Score n’est pas un outil parfait : il repose sur une auto-évaluation. Toutefois, sa conception limite certains biais : les questions sont fermées et factuelles, ce qui rend peu envisageable la manipulation des réponses. L’objectif n’est pas d’obtenir le meilleur score, mais de progresser, sans récompense. Et surtout, la mise en transparence publique des résultats permet un « contrôle entre pairs ».
Dans ce contexte, mesurer devient déjà un acte d’engagement. Publier son Impact Score, ce n’est pas afficher la perfection : c’est reconnaître son point de départ, ses marges d’amélioration, et ouvrir le dialogue.

