Aidants au travail : un équilibre précaire

À l’occasion de la Journée nationale des aidants, une enquête IFOP et Macif révèle que près d’un actif sur trois aides régulièrement un proche. L’équilibre emploi-aidance reste fragile, surtout dans la santé, où pénibilité et stress sont davantage ressentis.

Près d’un actif sur trois en France est aidant, c’est-à-dire qu’il soutient régulièrement un proche dépendant. L’étude IFOP/Macif « Être aidant et travailler dans le secteur de la santé » met en évidence un défi majeur : concilier emploi et rôle d’aidant. Pour deux aidants sur trois, l’équilibre est difficile, du fait d’une forte charge mentale, d’un manque de temps et d’un sentiment d’isolement. Les répercussions s’étendent à la vie personnelle (moral, santé, loisirs, vie conjugale) et, côté professionnel, 59 % déclarent un impact important. Les ajustements les plus cités sont la prise de congés (35 %), le télétravail (31 %) et l’aménagement d’horaires (27 %).

Les dispositifs existants restent peu mobilisés : le congé de proche aidant n’a été utilisé que par 27 % des aidants (58 % le connaissent), la solidarité familiale par 24 % (68 % la connaissent) et le droit au répit par 22 % (58 % le connaissent).

Dans le secteur de la santé, l’engagement est fort mais l’usure aussi. Si 94 % des aidants-soignants expriment de la fierté et qualifient leur emploi de « métier passion », 72 % jugent leur travail pénible et 93 % font face à des situations stressantes et émotionnellement éprouvantes. « Je devais gérer ma mère et cumuler ça avec mon travail, souvent avec des horaires de nuit. C’était dur mais je n’avais pas le choix. J’ai fini par tomber dans une dépression », témoigne Sandra, qui est infirmière. 

Beaucoup estiment que leur expertise facilite la coordination avec les professionnels de santé, la compréhension des pathologies ou l’anticipation des besoins, mais 69 % se sentent « désignés » aidants par leur entourage, alourdissant la charge. L’impact sur la santé est marqué : 88 % déclarent des effets, dont troubles psychologiques, musculosquelettiques ou épuisement professionnel. Les contraintes familiales (nombre d’enfants) et la forte féminisation du secteur (61 % d’aidants-soignants sont des femmes) accentuent ces difficultés.

Côté entreprise, des initiatives se déploient. Mis en place en octobre 2024, l’accord « salariés aidants » de la Macif prévoit aménagements du temps de travail, congés spécifiques, dons de jours, aides financières jusqu’à 1 200 euros/an et référents de proximité. En un an, 727 situations ont été accompagnées, avec 844 entretiens et un « compteur aidant » utilisé en moyenne 3 jours par personne sur 10 possibles. 

« Notre dispositif permet à nos salariés d’accompagner des situations de santé. Grâce aux 4 référents aidants de proximité qui agissent comme tiers de confiance, chaque salarié concerné peut bénéficier de mesures adaptées en fonction de la situation de l’aidé, la fréquence de l’aide ou encore la distance géographique de l’aidé. » détaille Nicolas Llorens, Directeur des Ressources Humaines à la Macif.

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