L’assurance propulse l’économie numérique à Singapour

Le secteur de l’assurance s’impose comme un moteur clé de la digitalisation à Singapour, représentant une part croissante du produit intérieur brut. 

Selon le Singapore Digital Economy Report 2025 publié par l’Infocomm Media Development Authority (IMDA), l’économie numérique singapourienne représente désormais 18,6 % du PIB du pays, soit 128,1 milliards de dollars singapouriens en 2024. Ce chiffre confirme une croissance constante depuis 2019, où la part n’était que de 14,9 %.

Si les entreprises technologiques conservent un rôle central, plus des deux tiers de la valeur créée par la digitalisation proviennent désormais d’autres secteurs, dont la finance et l’assurance, suivis par le commerce de gros et l’industrie manufacturière. Ce basculement illustre la transversalité des innovations numériques et la capacité du secteur assurantiel à se positionner comme pilier stratégique de la transformation économique.

Les PME au cœur de la digitalisation

Les petites et moyennes entreprises (PME) de Singapour participent activement à cette mutation. En 2024, 95 % d’entre elles avaient intégré au moins un outil numérique, selon les données de l’IMDA. Le nombre moyen de domaines numériques adoptés est passé de 2 à 2,3 en un an, témoignant d’une adoption plus complète et structurée.

Près de 97 % des PME utilisent désormais des solutions sectorielles spécifiques, notamment dans l’assurance, pour renforcer leur conformité réglementaire, l’expérience client et l’efficacité opérationnelle. Cette dynamique s’inscrit dans le cadre des Industry Digital Plans (IDP) développés par l’IMDA pour accompagner chaque secteur dans sa transformation digitale.

L’évolution du marché du travail technologique

L’essor de l’économie numérique s’accompagne d’une transformation profonde du marché de l’emploi technologique. En 2024, Singapour comptait 214 000 professionnels des technologies, soit une augmentation de 6 000 postes en un an. Les plus fortes croissances concernent les métiers liés à l’intelligence artificielle (IA), à l’analyse de données et à la cybersécurité, de plus en plus présents au-delà du secteur des technologies de l’information.

Le salaire médian des professionnels de la tech atteint 7 950 dollars singapouriens par mois, bien au-dessus de la moyenne nationale (4 860 dollars). Cette progression reflète la montée en valeur des compétences dans les domaines de la programmation (Python, SQL), du cloud computing et des infrastructures numériques évolutives.

Le secteur de l’assurance contribue directement à cette demande, en cherchant à intégrer des profils capables de concevoir et superviser des systèmes d’IA appliqués à la gestion du risque et à la relation client.

L’adoption accélérée de l’intelligence artificielle

L’usage de l’IA s’étend rapidement à l’ensemble du tissu économique singapourien. En un an, le taux d’adoption par les PME a triplé, passant de 4,2 % à 14,5 %. Les grandes entreprises, quant à elles, sont passées de 44 % à 62,5 % d’intégration de solutions d’IA.

Les entreprises qui ont bénéficié du Productivity Solutions Grant (PSG) pour implémenter des outils d’IA ont observé une réduction moyenne des coûts de 52 %, tandis que celles utilisant des solutions d’IA en cybersécurité ont réalisé des économies allant jusqu’à 71 %.

L’IA est aujourd’hui utilisée dans plusieurs domaines fonctionnels : technologies de l’information, service client, finance et conformité. Les PME déclarent en moyenne utiliser des outils d’IA dans trois fonctions, contre cinq pour les grandes entreprises. La majorité (84 %) recourt à des outils de génération de texte ou d’image grand public, tandis que 52 % utilisent des solutions spécialisées et 44 % développent leurs propres modèles internes.

Formation et adaptation du capital humain

La généralisation de l’IA dans les entreprises transforme les modes de travail. Une enquête récente de l’IMDA indique que près de 74 % des salariés singapouriens utilisent des outils d’IA dans leur quotidien professionnel, principalement pour la création de contenu, la gestion administrative et la réflexion stratégique.

Les bénéfices perçus sont multiples : 85 % des utilisateurs affirment avoir gagné en productivité et en qualité de travail, tandis que la moitié mentionne un gain de créativité. En parallèle, 70 % des entreprises accompagnent cette transition par des formations, des outils payants ou des chartes d’utilisation.

Deux tiers des entreprises prévoient de redéfinir les rôles au sein de leurs équipes pour mieux intégrer l’IA, tout en investissant dans des programmes de requalification et d’apprentissage continu.

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