L’absentéisme au travail repart légèrement à la hausse

Selon la 4e édition de l’Observatoire des arrêts de travail du Groupe APICIL, le taux d’absentéisme atteint 4,41 % en 2024, contre 4,27 % en 2023. Cette étude met en lumière des disparités fortes entre les profils et les secteurs, et souligne la nécessité de renforcer la prévention et la qualité de vie au travail.

Le Groupe APICIL, en collaboration avec sa filiale le Groupe JLO, publie la quatrième édition de son Observatoire des arrêts de travail. L’étude révèle une légère hausse du taux d’absentéisme, passé de 4,27 % à 4,41 % entre 2023 et 2024. Bien qu’inférieur à son niveau de 2022 (4,61 %), ce chiffre traduit une tendance de fond : l’absentéisme demeure un indicateur central de la transformation du monde professionnel.

Plus d’un salarié sur quatre (26,98 %) a connu au moins un arrêt de travail au cours de l’année, un chiffre en hausse de 0,66 point. La durée moyenne des arrêts reste stable à 19,85 jours, mais la proportion d’arrêts très courts (moins de trois jours) et d’arrêts longs (plus de 90 jours) augmente. Cette double dynamique reflète à la fois une fragilité psychologique croissante et des pathologies de long terme plus nombreuses.

Les maladies psychologiques et physiques au cœur des absences

L’Assurance Maladie reste le premier levier d’analyse des arrêts, et les résultats de l’observatoire le confirment : plus de 90 % des absences sont liées à une maladie, loin devant les accidents du travail (4,55 %) et les temps partiels thérapeutiques (3,43 %).
Les maladies professionnelles, bien que marginales (0,20 % des arrêts), entraînent les durées d’absence les plus longues, avec une moyenne de 121,73 jours.

Les troubles psychosociaux, dépression, anxiété, burn-out, connaissent une hausse significative, représentant plus de 40 % des arrêts longs. Ces pathologies psychologiques, souvent liées aux transformations du travail et à la pression organisationnelle, s’ajoutent aux troubles musculo-squelettiques (TMS), qui constituent un tiers des dossiers suivis. Ces derniers touchent particulièrement les métiers à forte pénibilité ou ceux exposés à la sédentarité prolongée, notamment dans le cadre du télétravail.

Des écarts marqués selon l’âge, le genre et le statut

Le rapport souligne des disparités structurelles persistantes. Les ouvriers affichent le taux d’absentéisme le plus élevé (6,54 %), soit près de trois fois plus que les cadres (2,36 %). Les femmes présentent également un taux supérieur à celui des hommes (5,19 % contre 3,60 %), une différence qui s’explique notamment par une plus grande exposition aux doubles charges, professionnelle et domestique.

L’âge constitue un autre facteur déterminant : les travailleurs de 60 ans et plus enregistrent un taux d’absentéisme de 5,68 %, contre 3,26 % pour les moins de 30 ans. Si les seniors sont moins nombreux à connaître des arrêts, ceux-ci sont plus longs (33,73 jours en moyenne contre 12,09 jours pour les jeunes actifs).
Cette évolution s’explique par la fragilité accrue avec l’âge, mais aussi par un effet de sélection : les travailleurs les plus fragiles quittent plus tôt l’emploi, laissant en activité une population vieillissante mais en meilleure santé relative.

Des secteurs d’activité inégalement exposés

L’analyse sectorielle met en avant des contrastes significatifs. Le secteur de la santé, de l’économie sociale et de l’éducation enregistre le taux d’absentéisme le plus élevé (5,68 %), suivi de l’industrie et du BTP (4,59 %) et du commerce et transport (4,33 %). À l’inverse, les services aux entreprises se distinguent par un taux plus faible (3,29 %) mais en forte progression sur un an.

Ces différences s’expliquent à la fois par la nature des métiers, la charge émotionnelle et physique associée, ainsi que par le niveau d’exposition aux risques psychosociaux.

La prévention et la QVCT, leviers stratégiques pour les entreprises

Pour Thomas Perrin, Directeur général adjoint Services du Groupe APICIL, l’absentéisme s’impose comme « un défi crucial pour les entreprises, les obligeant à repenser leurs pratiques managériales, leurs modes d’organisation et leurs politiques de prévention ».
La QVCT (Qualité de Vie et des Conditions de Travail), autrefois considérée comme un levier RH, devient désormais un impératif stratégique. L’acquisition du Groupe JLO, cabinet spécialisé dans les ressources humaines et la QVCT, illustre cette orientation : accompagner les entreprises dans la prévention de l’absentéisme et le soutien aux salariés fragilisés.

Selon Stéphane Roose, Directeur associé du Pôle Conseil du Groupe JLO, les solutions existent pour « prévenir, réguler et réduire l’absentéisme ». Il cite notamment les cartographies de risques, les diagnostics RH ou encore les actions de retour à l’emploi, autant d’initiatives qui visent à concilier performance économique et engagement humain.

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