Une étude menée par Leocare révèle que le coût total du leasing social, incluant assurance, entretien et recharge, dépasse de 40 à 78 % le prix affiché. Ces écarts interrogent l’accessibilité réelle du dispositif pour les foyers modestes.
Le dispositif de leasing social, lancé en 2024 et relancé le 30 septembre 2025 avec une capacité doublée à 50 000 véhicules, promettait une voiture électrique à partir de 95 euros par mois. En pratique, l’aide publique ne couvre que le loyer du véhicule. Les dépenses annexes, incontournables comme l’assurance, l’entretien et l’électricité, viennent alourdir significativement la facture.
Selon l’étude réalisée par Leocare, une Peugeot e-308, annoncée à 2 400 euros par an, atteint en réalité 3 430 euros une fois l’ensemble des frais intégrés, soit une hausse de près de 43 %. Pour une Citroën ë-C3 You, la hausse dépasse 76 %. Ces écarts mettent en lumière une différence marquée entre l’affichage politique et la dépense effective des ménages.
L’assurance, un facteur central dans le calcul global
Pour les professionnels de l’assurance, cette étude illustre l’importance d’intégrer la prime d’assurance automobile dans le calcul global du coût d’un véhicule électrique en leasing. Dans le cadre d’un contrat en location longue durée, la formule « Tous Risques » est la plus recommandée. Or, son montant varie fortement selon le profil de l’assuré, notamment l’âge, l’expérience de conduite et la zone géographique.
À véhicule équivalent, la prime peut doubler d’un conducteur à l’autre. Cette disparité souligne un risque de décrochage pour les ménages modestes auxquels le programme s’adresse. En cas de hausse annuelle des primes, la soutenabilité du dispositif sur trois ans devient incertaine.
Un dispositif social encore imparfait
Si le leasing social a pour objectif de démocratiser l’accès à la voiture électrique et de favoriser une transition énergétique équitable, il présente encore des limites structurelles. Les conditions d’éligibilité, revenu fiscal maximal de 16 300 euros et obligation de déplacements quotidiens, excluent une partie des ménages précaires, notamment les chômeurs et jeunes en insertion.
Par ailleurs, l’offre reste insuffisante au regard de la demande. En 2024, les 25 000 véhicules proposés avaient été attribués en trois semaines seulement. En 2025, malgré l’élargissement à 50 000 unités, le plafond demeure en deçà des besoins exprimés.
Vers une approche plus transparente et équitable
Pour garantir l’efficacité du dispositif, l’intégration de l’ensemble des coûts réels dans les barèmes publics apparaît comme une nécessité. Cela permettrait d’offrir une meilleure lisibilité aux bénéficiaires et d’éviter les mauvaises surprises liées aux dépenses annexes. Comme le souligne Christophe Dandois, co-fondateur de Leocare, « l’enjeu n’est pas seulement de rendre l’électrique accessible, mais de garantir un cadre lisible et soutenable pour les foyers ».

