À l’occasion de la Semaine européenne du développement durable, agéa publie une étude sur l’assurabilité du photovoltaïque en France et avance six mesures pour sécuriser une filière en forte croissance, mais freinée par l’incertitude technique et juridique.
La Fédération des agents généraux d’assurance (agéa) alerte : la filière photovoltaïque, bien que dynamique, peine encore à s’assurer. « La filière est encore jeune et les innovations sont nombreuses. Ce dynamisme, signe de bonne santé, est également un des freins majeurs pour assurer efficacement ces installations, les assureurs manquant du recul nécessaire pour mesurer les conséquences sur la sinistralité de ces techniques en perpétuelle évolution. » explique Pascal Chapelon, président d’agéa. L’enjeu est d’autant plus important qu’il touche la transition écologique.
Les chiffres confirment l’essor : 16 000 ETP en 2022 pour 7,98 milliards d’euros de chiffre d’affaires ; au 1er semestre 2025, 24,9 GW installés sur plus de 1,18 million d’installations, soit +30 à 35 % sur un an. Au 1er janvier 2025, le photovoltaïque représente 4,9 % de la consommation brute. Dans sa dernière Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), le ministère de la transition écologique vise 33 % d’énergies renouvelables en 2030. Cette dynamique est portée par la réglementation : loi APER (2023) pour parkings et grands bâtiments, et directive européenne du 24 avril 2024.
Mais les assureurs peinent à apprécier le risque : procédés et équipements évoluent (certifications mouvantes), formations hétérogènes des installateurs, et données de sinistralité incendie inégales ; les consignes des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) varient, créant une incertitude opérationnelle.
Pour y répondre, agéa formule six propositions :
- Créer un comité national réunissant assurance, bâtiment, filière PV et pouvoirs publics ;
- Lancer un cadre expérimental temporaire pour les certifications ;
- Instituer une formation nationale unique pour les installateurs en différenciant couvreurs et électriciens ;
- Appliquer la jurisprudence de 2024 sur la responsabilité de l’installateur sans durcir l’assurabilité ;
- Rendre obligatoire une maintenance annuelle (modification de l’article L.224-1) et renforcer les contrôles Consuel, avec communication dédiée ;
- Développer, dans les multirisques habitation et professionnel, des garanties d’aide au financement pour accompagner les clients.
« Agéa formule ces propositions pour relancer le débat national. Il faut que les assureurs puissent faire fond sur des données et des techniques fiables afin de proposer des produits adaptés », conclut Pascal Chapelon. Objectif : sécuriser une filière clé du climat, au bénéfice de la société.

