Transparence salariale : un enjeu en 2026

Une enquête menée auprès de plus de 2 000 Français met en lumière un paradoxe : 63 % des salariés ignorent totalement le salaire de leurs collègues, mais 74 % considèrent que la transparence salariale permettra de réduire les inégalités. Les entreprises, elles, peinent encore à entrer dans une dynamique constructive, malgré l’arrivée prochaine d’une directive européenne.

En 2025, la majorité des salariés français déclarent n’avoir aucune idée du salaire de leurs collègues. Seuls 11 % connaissent précisément le niveau de rémunération de leurs pairs. Cette opacité entretient des inégalités et contribue à maintenir le salaire comme un sujet tabou. Selon l’enquête réalisée par How Much, plus de la moitié des Français trouvent encore difficile, voire risqué, de parler d’argent au travail.

Pourtant, la directive européenne sur la transparence des rémunérations, applicable en 2026, impose un changement majeur. Les offres d’emploi devront indiquer une fourchette salariale et les entreprises de plus de 100 salariés seront tenues de publier leurs écarts de rémunération. En cas de différences supérieures à 5 % sans justification, une évaluation conjointe devra être réalisée, assortie de mesures correctives.

Une attente forte en matière d’équité

Si les Français souhaitent davantage de transparence, ce n’est pas par curiosité mais bien pour des raisons d’équité. Près de deux salariés sur trois estiment que la transparence renforcerait la justice au sein de leur entreprise. D’autres y voient également un levier de motivation et de fidélisation. À l’inverse, seuls 16 % craignent un impact négatif sur l’ambiance de travail.

L’étude révèle également une méconnaissance des critères d’augmentation. 62 % des salariés n’ont aucune visibilité sur les règles qui régissent la progression de leur rémunération. Pour beaucoup, les décisions semblent dépendre davantage du management que de critères objectifs, ce qui nourrit un sentiment d’arbitraire.

Les entreprises encore en retrait

Malgré l’échéance réglementaire, plus de la moitié des entreprises ne sont pas encore engagées dans une démarche structurée de transparence. Seuls 6 % des salariés déclarent que leur entreprise publie déjà des informations détaillées sur la politique salariale. Pour les autres, la communication reste limitée, dispersée ou inexistante.

Ce retard représente un risque de non-conformité mais aussi de tensions sociales, à l’heure où les salariés attendent des repères clairs et des critères mesurables. Les professionnels de l’assurance, comme d’autres secteurs, sont directement concernés par ces enjeux de gouvernance et de confiance.

Vers un nouveau standard de marché

L’entrée en vigueur de la directive européenne pourrait marquer un tournant. Près de trois quarts des Français considèrent que ce cadre contribuera à réduire les inégalités, en particulier entre les femmes et les hommes. Toutefois, l’étude souligne un déficit de pédagogie : 37 % des répondants n’ont jamais entendu parler de cette directive, ce qui révèle un besoin urgent d’information et de préparation au sein des organisations.

Cette transformation ne se limite pas à une obligation réglementaire. Elle implique une redéfinition de la gestion des ressources humaines, de la communication interne et du dialogue social. Dans un contexte où la transparence devient un facteur de performance et de fidélisation, les entreprises devront démontrer leur capacité à passer des promesses aux résultats, en publiant des indicateurs vérifiables et en renforçant leur gouvernance.

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