Une étude canadienne pointe l’efficacité relative des mécanismes de divulgation et de prévention face à la montée des contenus financiers promotionnels sur les réseaux sociaux.
Avec la multiplication des contenus financiers sur des plateformes telles que Reddit, YouTube ou X, la question de la régulation des « finfluenceurs » s’impose comme un enjeu majeur pour les acteurs de l’assurance, de l’épargne et de la gestion de patrimoine. Une récente étude menée par la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO) démontre que, même encadrée, l’influence de ces contenus reste puissante, notamment auprès des investisseurs novices.
Les résultats révèlent que plus d’un tiers des participants ayant vu des messages promouvant un actif ont procédé à un achat, contre moins de 10 % dans le groupe de contrôle. L’intervention réglementaire, à travers des dispositifs de divulgation, de prebunking (pré-démystification) ou d’inoculation (exposition à un message affaibli pour mieux s’en protéger), parvient à réduire cet impact. Toutefois, aucune stratégie ne supprime totalement l’influence exercée par ces publications.
Prébunking et inoculation : des outils partiellement efficaces contre la désinformation
L’expérimentation canadienne s’est déroulée sous forme de simulation de négociation, avec un échantillon de 1 465 utilisateurs exposés à des contenus ressemblant à ceux rencontrés dans leur usage quotidien des réseaux. Parmi eux, les groupes ayant bénéficié de messages préventifs avant ou pendant l’exposition aux contenus promotionnels ont montré des comportements d’achat réduits. Par exemple, l’inoculation a fait baisser l’achat d’actifs à 20,3 % contre 38,1 % sans intervention.
Cependant, certains dispositifs comme les simples avertissements de risque, utilisés après la lecture des messages, n’ont eu aucun effet notable sur les décisions d’achat. Même la combinaison des mesures préventives n’a pas permis de réduire significativement l’influence globale, soulignant ainsi la complexité du phénomène.
Un public vulnérable : les non-investisseurs davantage exposés
L’étude souligne une vulnérabilité accrue chez les Canadiens n’ayant jamais investi. Dans tous les groupes exposés aux messages des finfluenceurs, ces derniers affichaient une propension plus élevée à acheter l’actif promu. Ce constat doit alerter les professionnels de l’assurance et de la finance responsable sur la nécessité de renforcer les actions pédagogiques auprès des publics éloignés de l’investissement traditionnel.
Alors que les jeunes générations recherchent des expériences numériques fluides et engageantes, les réseaux sociaux deviennent des terrains d’opinion et de décision où la désintermédiation défie les canaux traditionnels de conseil. Dans ce contexte, les acteurs du secteur doivent adapter leurs stratégies de communication, en conjuguant innovation, régulation et éducation financière.
Vers une régulation proactive et préventive
Les résultats de cette étude soutiennent la pertinence de stratégies réglementaires intégrant l’anticipation des biais cognitifs et émotionnels à l’œuvre sur les réseaux sociaux. Le recours aux techniques d’inoculation, bien que partiel, pourrait être renforcé par une collaboration accrue entre autorités de régulation, plateformes numériques, assureurs et distributeurs.
Pour les professionnels de l’assurance vie, du patrimoine et de l’épargne retraite, ces enseignements posent également la question de leur propre présence sur les canaux digitaux. Mieux informer et orienter les assurés dans un environnement saturé d’informations devient une condition sine qua non pour renforcer la confiance et la transparence dans un contexte de digitalisation accélérée.