Alors que seulement 13 % des Françaises se sentent capables d’évaluer les risques d’un placement selon le baromètre 2024 de l’Autorité des marchés financiers (AMF), une étude récente menée par Goodvest met en lumière un paradoxe : les comportements d’investissement des femmes révèlent une stabilité et une stratégie à contre-courant des idées reçues.
Moins réactives aux turbulences du marché et plus enclines à maintenir le cap en période de tension, les investisseuses démontrent une gestion patrimoniale orientée vers la durée, la prudence et la résilience.
Cette constance s’observe notamment à travers un taux de désinvestissement nettement inférieur à celui des hommes, et une capacité à conserver une ligne directrice d’épargne même dans un contexte incertain. Si leurs montants initiaux investis sont en moyenne plus faibles, les femmes font preuve d’une discipline qui favorise une performance durable. Cette tendance pourrait inspirer les professionnels de l’assurance-vie, de la prévoyance et de la gestion de patrimoine à adapter leurs offres à des profils d’épargnants plus orientés vers la régularité et les objectifs de long terme.
Une dimension sociale et environnementale renforcée
L’étude confirme également une affinité marquée des investisseuses pour la finance à impact, soulignant une préférence pour des thématiques sociétales comme l’accès à l’eau, l’emploi solidaire ou la santé. Ces priorités semblent s’ancrer dans des réalités concrètes, souvent liées à l’expérience de terrain ou à des secteurs historiquement investis par les femmes, comme le soin ou l’éducation. Loin de se contenter d’une performance strictement financière, l’épargne devient pour beaucoup un vecteur d’alignement entre convictions personnelles et choix d’investissement.
Dans une logique d’innovation en assurance ou en produits affinitaires, cette appétence pour des investissements à fort impact pourrait orienter les concepteurs vers des offres davantage segmentées et personnalisées. L’engagement thématique est particulièrement visible dans les profils dits “ambitieux”, où l’on constate une plus forte concentration des investisseuses sur les thématiques à portée sociale directe.
Des motivations centrées sur la sécurité et l’autonomie
Au-delà des comportements d’investissement, l’étude dévoile une tendance claire dans les motivations déclarées : préparer sa retraite, sécuriser son avenir ou encore constituer un capital immobilier figurent parmi les objectifs prioritaires. Cette approche “goal-driven”, structurée autour de jalons de vie concrets, replace l’épargne dans une perspective d’indépendance économique. Elle souligne également l’importance d’une relation client fondée sur l’écoute active et la clarté des parcours.
Dans un contexte où les inégalités patrimoniales entre hommes et femmes demeurent significatives, y compris chez les jeunes générations, investir devient un levier d’émancipation. Les courtiers et assureurs qui souhaitent capter ces profils devront sans doute renforcer l’accompagnement pédagogique, tout en valorisant une offre alignée sur les aspirations concrètes des femmes en matière de patrimoine et de sécurité.
Une opportunité de repenser les modèles de distribution
Les enseignements de cette étude, appuyés par les résultats de l’Université d’Essex, invitent les acteurs de l’épargne à dépasser les préjugés et à intégrer les comportements féminins dans leur réflexion stratégique. La capacité des femmes à investir de manière cohérente, stable et responsable constitue un gisement de valeur encore sous-exploité dans le paysage de la distribution en assurance.
La montée en puissance d’un profil d’investisseuse engagée peut également nourrir de nouvelles approches de communication, de relation clients et de produits à impact, en cohérence avec les évolutions réglementaires et sociétales du secteur.