Un récent rapport révèle une forte dégradation de la santé mentale des professionnels hospitaliers, confrontés à un stress quotidien grandissant. Une réforme urgente de leur formation initiale est préconisée.
Le dernier Observatoire MNH-Odoxa, en partenariat avec la Chaire Santé de Sciences Po, alerte sur l’état psychologique préoccupant des professionnels de santé en France. Selon cette enquête, 35 % des soignants jugent leur santé mentale mauvaise, en augmentation notable de 6 points par rapport à l’année précédente.
Ces difficultés psychologiques se traduisent concrètement par un quotidien dégradé : 56 % des professionnels déclarent souffrir régulièrement d’anxiété, de stress ou d’une charge mentale excessive liée à leur travail. Cette réalité touche particulièrement les infirmiers (58 %), mais aussi les aides-soignants (47 %) et les médecins (39 %). La conséquence directe est inquiétante : près de 39 % des soignants ont déjà dû interrompre leur activité pour des raisons psychologiques.
Les symptômes associés à ces troubles sont multiples et pénalisants : 89 % constatent un impact négatif sur la qualité de leur sommeil, tandis que 80 % indiquent des modifications alimentaires significatives et 78 % voient leur capacité à pratiquer une activité physique réduite.
Au cœur de ces difficultés, une surcharge de travail est dénoncée par 75 % des professionnels hospitaliers, ainsi qu’une exposition récurrente à la violence professionnelle, particulièrement marquée chez les aides-soignants (66 %). Le stress professionnel est également alimenté par une accumulation de contraintes spécifiques : tâches incessantes, sentiments d’insuffisance dans l’accomplissement professionnel et une exposition constante à la souffrance humaine.
Jean-Bernard Castet, Directeur général adjoint Affaires publiques et Santé, souligne toutefois qu’il existe des solutions : « Ce n’est pas une fatalité : en agissant dès la formation initiale, en renforçant leurs compétences psychosociales, nous pouvons leur donner des outils permettant d’être mieux armés pour faire face à la réalité du monde hospitalier. » Une nécessité confirmée par l’enquête, puisque 83 % des soignants déclarent ne pas avoir reçu une formation suffisante pour gérer le stress, un manque particulièrement ressenti par les moins de 35 ans (42 % ayant rencontré des difficultés dès leurs études).
Face à cette urgence, l’introduction systématique de programmes de formation renforçant les compétences psychosociales apparaît indispensable. Ces initiatives pourraient non seulement améliorer le bien-être des professionnels, mais également réduire l’absentéisme, mieux gérer les situations de violence et renforcer la qualité des relations avec les patients, comme en sont convaincus 90 % des répondants.