Baromètre 2024 « Les Français, l’Épargne et la Retraite »

Récemment, une présentation a mis en lumière les tendances actuelles de l’épargne et de la préparation à la retraite en France.

Valérie Plagnol, à la tête du Cercle des Épargnants, et Salomé Quétier-Parent, de l’institut Ipsos, ont dévoilé les résultats de la 22ème édition du baromètre annuel.

Cette étude intervient dans un contexte particulier, marqué par la récente réforme des retraites et une inflation persistante, influençant notablement les comportements d’épargne des Français.

Un intérêt croissant pour l’actualité financière

Au cours des deux dernières années, l’attrait pour les informations relatives aux produits financiers a significativement augmenté, avec 55% des Français (+5 points sur un an, +10 points sur deux ans) s’y intéressant davantage. 

Parallèlement, 42% déclarent suivre l’actualité financière, soit une hausse de 4 points en un an et de 13 points en deux ans.

Stabilité de l’épargne face à une volonté accrue de puiser dans les réserves

Malgré l’inflation, la propension à épargner reste stable à 31% depuis quatre ans, nettement supérieure aux années 2017 et 2018 (23%). 

En contraste, l’intention de puiser dans l’épargne atteint un pic historique à 28%, marquant une augmentation continue depuis 2021 (+7 points en quatre ans).

Préférences d’épargne et produits financiers

Les Français montrent moins d’intérêt pour l’investissement immobilier (10% en 2024, en baisse depuis deux ans) et s’orientent davantage vers des placements mieux rémunérés (32%, +13 points en deux ans), malgré un attrait croissant pour les options à risque ou peu liquides. 

Les livrets classiques restent les produits d’épargne préférés, notamment pour la préparation à la retraite, avec le livret A en tête (24%).

Focus sur le Plan Épargne Retraite (PER)

La notoriété et l’attractivité du PER continuent de croître, avec 66% des Français le connaissant (+9 points sur un an).

 Les caractéristiques appréciées incluent les avantages fiscaux (62%) et la flexibilité (46%). Par ailleurs, la volonté de transférer d’autres produits d’épargne retraite vers un PER est forte (72%).

Connaissances financières et préoccupations des Français

Bien que l’intérêt pour l’épargne soit en hausse, la compréhension des produits financiers et de leur utilisation reste limitée. Moins de 40% sont au courant du label ISR (Investissement Socialement Responsable). 

Par ailleurs, deux tiers des Français expriment leur inquiétude quant à l’avenir du système de retraite, bien que cette préoccupation ait diminué ces dernières années.

Retraite et inquiétudes

L’avenir du système de retraite préoccupe toujours une majorité de Français (66%), avec un intérêt marqué pour l’épargne individuelle et les fonds de pension complémentaires comme solutions potentielles. 

Cependant, une forte opposition subsiste contre la réduction des pensions ou le report de l’âge de départ à la retraite.

« Vers une prise de risque accrue dans l’épargne française » 

Philippe Dupuy, professeur de finance à Grenoble Ecole de Management, apporte une analyse éclairante sur la tendance croissante à la prise de risque parmi les épargnants français, soulignée par les récents résultats du baromètre du Cercle des Épargnants

Cette évolution marque un tournant significatif dans les comportements d’épargne, avec une volonté manifeste de compenser la perte de pouvoir d’achat par des investissements plus risqués mais potentiellement plus rémunérateurs. Le professeur Dupuy note que cette tendance à embrasser le risque, bien que modérée, reflète un changement dans les priorités des Français, prêts à délaisser les placements très liquides au profit d’opportunités d’investissement à plus long terme.

Cette orientation vers le risque s’aligne avec l’introduction du plan d’épargne avenir climat (PEAC), destiné à mobiliser l’épargne des jeunes en faveur d’entreprises écoresponsables. Ce produit financier, qui encourage une épargne bloquée et risquée jusqu’à la majorité de l’investisseur, représente un outil pédagogique prometteur pour initier les jeunes aux équilibres entre risque et rendement, en particulier dans le contexte des investissements durables.

Cependant, Philippe Dupuy tempère l’enthousiasme en rappelant que la tendance générale vers le risque reste modeste, avec seulement 14% des Français se disant prêts à assumer plus de risques, une augmentation notable mais limitée par rapport aux années précédentes. Les placements traditionnels à faible risque, comme le livret A, continuent de dominer les préférences des épargnants, témoignant d’une prudence persistante malgré les incitations à explorer de nouvelles avenues d’investissement.

De plus, il souligne une certaine réticence à s’engager pleinement dans les fonds socialement responsables, perçus comme peu distincts des options d’investissement traditionnelles. Cette observation suggère que, bien que le PEAC puisse bénéficier de la tendance actuelle vers des investissements plus risqués, il doit encore surmonter les défis liés à la reconnaissance et à la valorisation des fonds de finance durable en France.

En somme, l’analyse de Philippe Dupuy met en lumière les nuances d’une évolution vers la prise de risque dans l’épargne française, soulignant l’importance de l’éducation financière et de la promotion des investissements durables pour accompagner cette transition.

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