"La transformation des systèmes d’information est inéluctable"

D’un point de vue macro, grâce à votre expertise multi sectorielle, quel est le rôle du système d’information dans le développement stratégique de l’entreprise ?
Le système d’information a toujours été central et il le reste. Simplement le système d’information a beaucoup évolué, au départ il s’agissait d’un système central monolithique, aujourd’hui il est vraiment totalement polymorphe. Un écosystème s’est créé dans la plupart des entreprises : écosystème subit ou voulu ? En tout état de cause, un écosystème géré ou à mettre en place, en insistant sur une cohérence inéluctable de l’ensemble. Le nerf de la guerre est d’avoir un écosystème cohérent.
Le développement de la stratégie de l’entreprise doit définir une vision cohérente de cet écosystème.
Au fond, pourquoi la transformation des systèmes d’information est si délicate à mener dans les grandes entreprises ? Est-ce que le « legacy », le système d’information historique de chaque société, est au cœur de cette problématique ?
Il s’agit d’un sujet stratégique. Les entreprises qui franchissent le pas ont une vraie vision pour l’entreprise, dans le cadre d’un écosystème cohérent à créer. Dans le contexte d’un écosystème cohérent, le retour sur investissement sera au rendez-vous. Les entreprises qui restent dans l’attentisme, pour de multiples raisons, par exemple parce qu’elles ne savent pas dessiner une trajectoire ambitieuse, atteignable, et rythmée avec des quick wins, sont totalement paralysées pour développer un écosystème cohérent.  Il est vrai qu’il faut avoir une bonne dose de courage, ce n’est pas simple de se dire « j’y vais, je vais transformer mon SI ». Dans le contexte de la transformation du SI, il est essentiel d’avoir un dirigeant déterminé, des comités de direction soudés et que l’ensemble des équipes dédiées soient volontaires et énergiques. A contrario, la transformation du SI est quasiment impossible. Il faut aussi une dose de rationnel et de passion.
De toute façon, la réussite d’un grand projet de transformation SI passe par l’interne avec les hommes et les femmes de l’entreprise. Rarement des raisons exogènes à l’entreprise génèrent des échecs de transformation. En France, on a l’habitude de dire que quand ça ne marche pas c’est pour des raisons exogènes à son propre environnement, à sa propre société. Non, l’échec vient de l’interne, car les bons choix n’ont pas été faits ou que l’on n’a pas choisi la bonne équipe.
Il faut aussi savoir s’entourer ! Parfois, je croise des entreprises qui font des choix par facilité, voire par l’absurde et qui se disent « je vais retenir le plus gros acteur mondial » avec le plus gros intégrateur mondial (en général américain). Comme cela la DSI est protégée et la direction générale se dit « on a fait le bon choix, on a pris le plus gros, c’est formidable, ça va marcher ».
C’est faux, ce n’est pas parce qu’on prend le plus « gros » que l’on va réussir à créer un véritable écosystème efficient.
Récemment, nous avons interrogé des Directeurs des Systèmes d’Informations et voici les problèmes que certains rencontrent :

  • La culture du silot,
  • La multitude du nombre d’applications de plus en plus importantes fonctionnant sur des systèmes différents et destinées à des utilisateurs de plus en plus variés,
  • L’utilisation des plateformes matérielles toujours plus diversifiées avec une multitude de base de données fonctionnant sous des technologies différentes,
  • Et enfin, l’utilisation de plusieurs référentiels sur des plateformes hétérogènes.

Est-ce que vous partagez ce constat Rodolphe ?
Oui et cela fait écho à mes propos précédents. La complexité des environnements créés au cours des dernières décennies est essentiellement liée à une délégation totale des systèmes d’information au Directeur des Services Informatiques. Rappelons que ces dernières décennies, les Directeurs des Systèmes d’Informations ont été maitres de la trajectoire des systèmes d’information. La Direction Générale, confiante, se disait « j’ai un directeur des systèmes d’information, il va faire ce qu’il faut, il sait ce qu’il a à faire. Rendez-vous dans cinq ans. ». Dans la vraie vie, cela ne doit pas marcher comme cela. Les directions générales doivent sans arrêt revenir à la cohérence de l’écosystème à créer. !
Encore aujourd’hui nous entendons des dirigeants dire « j’ai ce qu’il faut, j’ai une équipe digitale, j’ai embauché un CDO, j’ai une DSI, tout le monde se parle, moi je comprends rien mais ça va le faire, ça va bien marcher ». Ne soyez pas étonné, il s’agit là d’un grand classique ! Ce type de comportement est une erreur fatale dans la transformation d’une entreprise. Je rappelle quelques-unes de mes convictions, pour la transformation des systèmes d’information, il faut que direction générale soit impliquée, que le déploiement soit orienté vers le développement de l’entreprise et dans un contexte global de vision cohérente de l’écosystème.
Quelles sont, selon vous, les priorités majeures de la transformation des systèmes d’information :

  • Mettre sur le marché rapidement des produits ou services innovants ?
  • Optimiser les processus afin de réduire les coûts ?
  • Sous-traiter au maximum les tâches à faible valeur ajoutée ?
  • Améliorer la relation client grâce à une vision unique et une cohérence d’image et de comportement sur les différents canaux ?

Au risque de vous décevoir tous les thèmes évoqués sont des priorités. Ce qu’il faut avoir à l’esprit, est que chaque entreprise a son propre contexte. Donc les priorités dépendent vraiment du contexte de l’entreprise et de son positionnement à un instant T. Il n’y a pas de vision unique, chaque entreprise a ses richesses, ses forces, ses faiblesses,… .
Il faut, quelques soient les priorités, avoir la bonne équipe pour un contexte donné. Il faut définir sa vision stratégique, sa trajectoire de transformation et être déterminé et pas versatile. Il est préjudiciable pour une entreprise et son système d’information de changer de cap en permanence, d’avoir une nouvelle vision toutes les semaines ou de vouloir suivre toutes les nouvelles tendances du marché.  L’important est que l’écosystème créé soit agile, sans oublier la promesse client. Normalement lorsqu’on transforme le système d’information c’est pour des clients, on l’oublie souvent ! des clients finaux et des clients internes, les utilisateurs de l’entreprise.
Au sein de votre groupe, vous proposez des solutions d’aujourd’hui et vous imaginez les évolutions de demain. Concrètement comme cela se traduit ?
Effectivement, j’ai la chance d’appartenir aujourd’hui au groupe Gfi. Un groupe de vingt mille personnes avec une forte capacité d’investissement. Un exemple, nous avons investi quatre-vingt mille jours/hommes sur notre solution « Cleva ». Cette solution est adaptée aux enjeux majeurs de création d’écosystèmes. Cleva dispose d’une multitude d’API qui permettent de se connecter à chaque système d’information et à tous les écosystèmes existants ou nouveaux. Nous accompagnons les entreprises qui veulent se transformer dès qu’elles ont un vrai projet de transformation ! Les API sont essentielles et les modules accélérateurs que nous proposons à nos clients facilitent et accélèrent la mise en œuvre de leurs projets. Tout cela pour que leur transformation SI ne soit pas pénible et soit la plus rapide, la moins coûteuse et qu’il y ait rapidement un retour sur investissement.
Pour terminer, pouvez-nous faire un récapitulatif des dernières tendances à venir en termes de transformation des SI ? 
Je le rappelle, la transformation SI doit répondre à la vision du dirigeant et elle sera réalisée grâce aux hommes. L’essentiel est la vision du dirigeant, l’équipe, et les femmes et les hommes qui savent mettre en œuvre. Il faut bien avoir à l’esprit que dans la transformation des SI, les outils ou les solutions choisies ne représentent que 50% de l’investissement. Les autres 50% sont de l’investissement lié au fonctionnement de l’écosystème, l’intégration, la migration, l’éditique.
Il faut aller vers des solutions ouvertes qui permettent d’être agile, choisir des solutions qui sont fiables, robustes mais toujours avec de vraies ambitions en amont !
Rodolphe Peim VP Group – International Insurance and Finance SoftwareVP Group – Head of International Insurance & Finance Software – Gfi Informatique. ITW réalisé avant période de confinement et intégré dans le mag #1 « Dessine-moi l’assurance » effectué par Jean-Luc Gambey – Vovoxx

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