Guevara, la révolution tant attendue ?

Malgré son extraordinaire popularité dans d’autres domaines et en dépit de l’exemple donné par le pionnier allemand Friendsurance, l’idée de glisser une touche de « P2P » dans l’assurance ne semble pas parvenir à décoller. Guevara tente de déclencher la révolution tant attendue, avec le lancement de son offre au Royaume-Uni.
Le principe ? Tout d’abord les assurés doivent constituer des communautés, soit de leur propre initiative (par exemple les habitants d’un village à la campagne ou un club de propriétaires de Porsches), soit sur une suggestion de Guevara (qui va assembler des profils de risque similaires). Deuxième étape, à partir de quelques informations personnelles (historique d’assurance, lieu de résidence, marque et modèle du véhicule, profession et secteur d’activité), un devis est proposé.
Jusque-là, rien d’exceptionnel, le tarif initial devrait être assez proche des normes du marché. C’est par la suite que la différence apparaît… En effet, les primes versées par les membres d’un groupe sont constituées en une réserve qui sert à indemniser les sinistres subis au cours de l’année. A l’heure du renouvellement, seule la part « entamée » de ce fonds est reconstituée par les appels de prime. Dès lors, si aucun dommage n’a été remboursé sur la période, aucun versement n’est nécessaire (exceptée la part de rémunération de Guevara), soit une économie de plus de 80% pour les assurés.
Plusieurs mécanismes complémentaires fournissent un surcroît de protection contre d’éventuelles dérives. En premier lieu, les primes versées par les clients sont plafonnées : elles ne peuvent jamais dépasser leur niveau initial (sauf changement de voiture ou de lieu d’habitation), car seule la réserve doit être reconstituée à l’échéance. A tout moment, si les besoins d’indemnisation excèdent les disponibilités du groupe, un fonds spécial (baptisé « Waterloo Fund »), constitué par Guevara, prend son relais.
Par ailleurs, le modèle ne pouvant produire ses effets positifs que si les communautés constituées sont suffisamment homogènes, il est prévu une procédure de vote anonyme visant à exclure un participant (auquel cas Guevara lui trouvera un autre groupe d’accueil, potentiellement moins favorable). Cette option est rendue possible par la transparence qui prévaut dans l’approche : tous les événements (versements et sinistres) affectant la collectivité sont en permanence accessibles à chaque individu.
Et c’est dans ce registre que réside finalement tout l’intérêt de l’assurance « P2P », en comparaison des mutuelles classiques dont l’objectif est pareillement de répartir équitablement les coûts entre leurs membres. En regroupant les personnes dans des unités de taille humaine, dans lesquelles la relation devient personnelle et transparente, chacun est responsabilisé et, donc, enclin à la prudence et à la modération, ce qui devrait se traduire par une réduction du nombre de sinistres déclarés ou encore des montants des dédommagements réclamés.
 

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