Se faire kodakiser ?

Le déni, est souvent la première réaction : énormément de marques et de secteurs ont voulu croire qu’ils ne seraient pas impactés par de nouveaux entrants. Désormais les acteurs historiques ont raison de trembler. Pour certains, ils voient leurs marchés fondre comme neige au soleil et pour beaucoup leurs rentes menacées. Ceux qui ont peur aujourd’hui sont les mêmes qui se sont fait « naspteriser »,  « youtubiser » « netflixiser » « amazoniser » « googliser » « BlaBlaCariser », « airbndbiser » « uberiser »,… . La liste, depuis quelque temps, à tendance à s’allonger dangereusement pour certains acteurs historiques, et ce dans un grand nombre d’industrie : le tourisme, le cinéma, les transports, la musique, l’édition, la santé même si les professionnels de santé restent sur leurs gardes,…
Instantanéité de l’analyse de données, plateformes web, dématérialisation, désintermédiation, nouveaux business models sont les leviers d’une nouvelle génération d’entrepreneurs agiles et décomplexés. Ces « disrupteurs » entreprennent à coups d’innovations technologiques en répondant aux imperfections du marché et en faisant fi des offres et des règles en place. « L’ubérisation de l’économie », contraint les entreprises, qui se réveillent soudainement en découvrant que leurs activités historiques risque de disparaître, à se réinventer et devrait certainement kodakiser certains acteurs attentistes, aucun secteur ne semblant devoir être épargné. Certaines grandes marques sont contraintes de réfléchir à une parade pour ne pas se faire « kodakiser ».
La prise de conscience est en marche mais les chefs d’entreprise sont confrontés à un dilemme: conserver leur activité en se contentant d’innovations incrémentales ou se démarquer avec des innovations de rupture ?
Devoir choisir entre un passé immuable ou se tourner vers un avenir incertain. Clayton Christensen, professeur à Harvard résume: « Embrasser la rupture, c’est tuer son activité sans garantie de réussir dans la nouvelle activité mais ignorer la rupture c’est aller à une mort certaine à moyen terme ». Personne n’est à l’abri de voir surgir un jour ou l’autre dans son coeur de métier, un acteur disruptif. Mais, une fois le principe énoncé, que faire ? Une des techniques consiste à se mettre soi-même en mode Uber.
Prise de « vertige » par la révolution digitale et le boom de l’économie collaborative, les acteurs du secteur de l’assurance sont en mouvement. La Maif, par exemple, n’a pas attendu que le secteur de l’assurance soit « disrupté » pour investir dans des partenariats liés à l’économie collaborative, l’assuré attachant de plus en plus d’importance à l’usage qu’il fait d’un bien, plutôt qu’à sa propriété. C’est pourquoi la MAIF déjà partenaire de Koolicar, spécialiste de l’auto-partage, de BlaBlaCar dans le covoiturage, vient d’entrer au capital de GuestToGuest, spécialiste de l’échange de logements. D’ailleurs pour Dominique Mahé « l’économie collaborative est une lame de fond, qui correspond aux valeurs de la MAIF, qui souhaite devenir son assureur de référence ». Une autre piste, complémentaire, est de réfléchir pour repenser l’innovation en entreprise et adopter l’agilité des start-up et donc d’entrer en mode « hackathon ».
Même si cela est indispensable, cela sera-t-il suffisant pour éviter la kodakisation de certains acteurs du secteur de l’assurance ?
La plupart des acteurs de ce marché, au fait de tous les enjeux de leurs marchés et de toutes les technologies, « figés » dans leurs stratégies et contraints par leurs histoires, leurs habitudes ou leurs principes, restent néanmoins très attentistes concernant une éventuelle bascule de leurs modèles d’affaires. Partant du principe que plusieurs modèles d’affaires ne peuvent durablement coexister au sein d’une même structure, une des solutions est de déployer l’innovation de rupture dans une nouvelle structure, relativement isolée de la structure principale, et de la laisser développer son modèle d’affaire !
Contact : Jean-Luc Gambey 
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